[Article publié par l’Agence Bocage le 18 janvier 2018]
Suite à sa comparution devant le tribunal de Westminster, le 10 janvier 2018, Alison Chabloz a rédigé un billet intitulé : Britons awake! This trial isn’t about me, it’s about all of us(« Britanniques, réveillez-vous ! Ce jugement ne concerne pas que moi : il nous concerne tous »).
Alison Chabloz, qui se définit comme artiste et révisionniste, est poursuivie pour avoir, entre autres, publié sur Internet « Survivors », chanson satirique au sujet de la Shoah. Accusée de susciter la haine antisémite, elle se définit comme révisionniste et, en tant que tel, invoque la liberté d’expression. L’affaire est complexe et les enjeux importants. Voilà pourquoi nous pensons nécessaire d’y consacrer un message plus développé que d’habitude.
Une stratégie problématique
Revenons tout d’abord sur les faits en question pour prendre du recul.
Alison Chabloz se définit comme révisionniste. Par abus de langage, dans une conversation privée on se définit ainsi dès qu’on adhère aux thèses dites « révisionnistes ». Toutefois, devant les tribunaux où des précédents judiciaires peuvent être créés, il est capital de n’utiliser ce terme que dans son sens strict : un révisionniste est un historien qui, s’appuyant sur des documents authentiques et des recherches méticuleuses, remet en question la vision communément admise d’un événement historique. Artiste qui adhère aux conclusions des révisionnistes, le travail d’Alison Chabloz n’est pas celui d’un historien ; elle compose des chansons, satiriques de surcroît. En conséquence, elle ne saurait se présenter aux juges comme « révisionniste ».
Ces précisions effectuées, intéressons-nous à son travail, à savoir ses chansons satiriques. Certes, après études approfondies, il apparait que les Allemands n’ont pas exterminés les juifs pendant la seconde Guerre mondiale. Toutefois, est-ce à dire que les juifs n’ont pas souffert pendant cette période de l’Histoire ? Est-ce à dire que les déportations étaient de simples voyages organisés vers l’Est de l’Europe ? Hélas non…
La seconde Guerre mondiale fut un drame qui toucha, directement ou indirectement, toutes les familles des pays belligérants (juives y compris). Son souvenir demeure douloureux pour bon nombre d’entre nous. Seules les personnes malhonnêtes ou de mauvaise foi prétendront le contraire.
Si nous estimons nécessaire de dénoncer les mensonges proférés par certains rescapés des déportations, nous récusons toute démarche qui pourrait être interprétée comme tournant en dérision les souffrances réelles endurées par les déportés. Accepterait-on qu’on ait l’air de se moquer des tourments des personnes mortes dans les bombardements de Hambourg, de Dresde, ou même de Caen ou de Saint-Lô ? Que nenni ! Tolèrerait-on que l’on paraisse tourner en dérision les souffrances des victimes d’Hiroshima ou de Nagasaki ? Bien sûr que non ! Peut-on se gausser de faux témoins notoires au risque de paraître nier ou rire la douleur des juifs déportés ? En un mot : peut-on se permettre ce que nous ne tolérerions pas chez nos adversaires ?
Oui, l’instrumentalisation politique des souffrances causées par la seconde Guerre mondiale est tout à fait méprisable ; cependant, la réponse à apporter n’est pas la satire mais le rétablissement grave de la vérité.
Un danger réel
À présent, intéressons-nous au procès. Initialement, Alison Chabloz était poursuivie par l’organisation anglaise Campaign Against Anti-Semitism (Campagne contre l’Anti-Sémitisme) pour sa chanson « Survivors ».
En temps normal, cette affaire ne devrait nullement inquiéter les révisionnistes présents sur le territoire britannique. D’une part, parce que, comme démontré plus haut, Alison Chabloz est certes une artiste aux convictions révisionnistes, mais elle n’est pas une révisionniste au sens strict du terme. D’autre part parce que la chanson satirique, pour laquelle Alison Chabloz est poursuivie, n’est pas incriminée en tant qu’œuvre révisionniste mais en tant qu’œuvre « grossièrement offensante » (dixit le procureur Karen Robinson).
Toutefois, dès lors qu’Alison Chabloz se définit face au tribunal comme « révisionniste », il y a danger réel pour tous les véritables révisionnistes du Royaume-Uni. En effet, dans le cas où la chanteuse serait condamnée, sa condamnation créerait un précédent judiciaire qui, par amalgame, permettrait de trainer devant les tribunaux tous les libres chercheurs de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.
Un tel précédent judiciaire est d’une très grande gravité quand on considère, par exemple, le cas du révisionniste le plus actif de la francophonie, exilé en Angleterre depuis 2015, et qui ne doit sa liberté qu’à la tolérance des autorités britanniques à l’égard des chercheurs révisionnistes. Qu’arriverait-il à Vincent Reynouard si Alison Chabloz était finalement condamnée, créant le précédent redouté ?
En conclusion
Voilà pourquoi, bien que nous estimons la stratégie d’alison Chabloz très imprudente parce que nourissant l’amalgame, nous la soutenons et appelons nos lecteurs à se rendre à son procès, le 7 mars, à Westminster.