Mais la question juive, Monsieur Reynouard? (3/3)

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Mais que faites-vous des ouvrages (tels ceux d’Hervé Ryssen) qui dévoilent l’action des Juifs sur nos sociétés, Monsieur Reynouard?

Les ouvrages et les conférences de penseurs antisémites tels que Hervé Ryssen et Pierre Hillard rencontrent un certain succès dans les milieux de la droite nationale.

Ces penseurs déclarent que les Juifs agiraient pour maîtriser le monde (peu importe leurs raisons) par la puissance financière et l’occupation des postes stratégiques. L’argent, ils le gagneraient par le commerce, le trafic et les manipulations monétaires. Une fois aux postes stratégiques, ils corrompraient les goyim et favoriseraient leurs frères juifs afin de tout envahir, renforçant ainsi leur pouvoir.

Il est vain d’appeler à lutter contre ces éléments extérieurs; ce qu’il faut, c’est d’abord corriger nos propres défauts.

Encore une fois, admettons, dans le cadre de cet article, que cette vision des choses est vraie. Comment réagir?

Déjà, en favorisant nous aussi nos frères (mais il semble, hélas, que les Blancs soient pour la plupart très individualistes).

Ensuite, ne nous laissons pas corrompre par un que ce soit. Quant aux manœuvres monétaires, elles sont possibles, car elles sont effectuées au sein d’un système auquel tout le monde participe, directement ou non.

Enfin, le commerce et le trafic ne se font pas tout seuls: il faut des acheteurs, des complices des profiteurs. Repoussons donc cette société d’hyperconsommation, refusons de profiter du moindre trafic, cultivons l’honnêteté pour éviter toute corruption, et soignons l’individualisme qui nous ronge.

Voilà pourquoi j’affirme que les Juifs sont les révélateurs de nos manques. De façon générale, j’affirme que les éléments extérieurs sont là pour nous faire prendre conscience de nos défauts.

Par conséquent, il est vain d’appeler à lutter contre ces éléments extérieurs; ce qu’il faut, c’est d’abord corriger nos propres défauts.

Mais d’où vous vient cette vision des choses, Monsieur Reynouard?

Cette vision des choses vient de ce que, selon moi, la vie a un sens: notre âme s’incarne pour se bonifier. Or, on ne s’améliore que dans les épreuves. Les lois de notre univers sont donc faites pour nous révéler nos défauts et susciter des épreuves adéquates.

Permettez-moi de prendre un exemple très simple: voilà une vingtaine d’années, je discutais avec un catholique qui fustigeait la chanteuse Alizée pour sa chanson: «J’ai pas vingt ans», dans laquelle est lançait, à propos des ses amours: «J’aime pas l’habitude, j’aime pas quand ça dure, j’ai pas vingt ans.»

Mon interlocuteur s’offusquait de l’exemple donné par la jeune fille: «C’est la promotion de l’infidélité, du caractère volage.» J’ai tenté de lui expliquer qu’Alizée n’était pas l’origine, mais un symptôme du problème.

Il ne faut pas se contenter de dénoncer l’action des promoteurs de la décadence. Il faut aussi expliquer le défaut que cette action révèle en nous-mêmes et commencer à rectifier ce défaut.

Au XIXe siècle déjà, des patrons chrétiens de grands ateliers sonnaient la sortie des ouvrières une heure avant celle des ouvriers, pour éviter que le fond de la journée de travail ne soit l’occasion de multiples ébats amoureux.

Le phénomène était donc bien antérieur à Alizée. Aussi lui dis-je: «Ce n’est pas parce qu’Alizée chante que le peuple devient volage; c’est parce que le peuple est volage qu’il produit une chanteuse comme Alizée.

Certes, une fois sur scène, cette demoiselle promeut le phénomène, donc l’aggrave; mais en l’aggravant, elle le dévoile publiquement, en se trémoussant dans des tenues indécentes, elle le place sous les feux des projecteurs. Ce n’est donc pas Alizée qu’il faut combattre, mais ce qu’elle révèle.»

Je pense donc qu’il ne faut pas se contenter de dénoncer l’action des promoteurs de la décadence. Il faut aussi expliquer le défaut que cette action révèle en nous-mêmes et commencer à rectifier ce défaut.

Mais comment vivez-vous cette vision des choses, Monsieur Reynouard?

J’ai mis en œuvre cette discipline dans ma propre vie. En 2016, je pesais 112kg pour 1,71m. Si je m’étais contenté de fustiger les vendeurs de malbouffe, je n’aurais pas changé.

J’ai donc préféré me discipliner en changeant ma façon de manger. Un jeûne de 45 jours et une modification radicale de mon régime alimentaire m’ont permis de perdre 40kg. La malbouffe existe toujours, mais je n’y touche jamais plus.

Il en va de même en prison: je me suis arrangé pour y conserver mon régime végétalien (avec une exception pour le lait, que je bois en petite quantité). Aux frites, je préfère les légumes; aux biscuits et aux glaces, je préfère les fruits.

En outre, deux fois par jour, je pratique le sport et cours onze kilomètres quotidiennement. Je cultive donc une force de caractère, afin de résister aux tentations, à commencer par celle de la facilité et du plaisir immédiat. Certes, la prison m’offre de bons repas avec de la viande en sauce, des frites et une part de gâteau en dessert. Je lui préfère la soupe, le plat de légumes et les fruits.

Mais comment appliquez-vous cette vision des choses à la société, Monsieur Reynouard?

J’extrapole cette discipline personnelle à la société. Les éléments extérieurs sont là pour que nous cultivions notre force intérieure. Même si les antisémites dressent des constats parfois véridiques, je réponds que les Juifs ne font que révéler nos vices: passer son temps à les dénoncer est inutile; ce qu’il faut, c’est nous corriger.

J’ajoute que, de même que je n’ai jamais lancé un pavé dans une vitrine d’un McDonald, je déconseille de molester les Juifs: non seulement cela serait inutile, mais de plus, cela se retournerait contre nous.

Cessons donc de lutter exclusivement CONTRE ceci ou cela. Luttons POUR: pour nous amender, pour un projet de société viable, pour une spiritualité vraie, pour une vision de la vie constructive. C’est là la seule voie de salut.

L’Histoire nous l’enseigne. Au début de l’hiver 1941, Hitler ordonna la déportation des Juifs d’Europe à l’Est. Il voulait leur faire payer le fait d’avoir provoqué une guerre totale contre le Reich.

Son ministre des affaires étrangères, Joachim Von Ribbentrop, tenta de lui expliquer que les Juifs puissants n’étaient pas, tant s’en faut, les seuls responsables de cette croisade anti-allemande: il fallait compter également les forces libérales et capitalistes non juives, les groupements chrétiens, des patriotes étrangers, des «anti-Boches» encore actifs depuis 1918…

Toutefois, Hitler était devenu intraitable: pour lui, tout était de la faute des Juifs, et il ordonna leur expulsion dans les territoires récemment conquis aux dépens de l’URSS. Trois mois plus tard, un hiver très rigoureux s’abattit sur le front de l’Est, immobilisant les armées allemandes. À partir de ce moment, le sort des armes commença à tourner. S’y ajoutait la déclaration de guerre des États-Unis après l’attaque de Pearl Harbor.

Lorsqu’à l’automne 1942, il apparut que le Reich avait manquait ses objectifs militaires à l’Est, Joachim Von Ribbentrop voulut initier des négociations pour tenter de signer une paix blanche, mais il était trop tard: prêts à débarquer en Afrique du Nord et ayant mis au point leur stratégie de m bombardements massifs, les Alliés n’accepteraient plus. Avec raison, Hitler répondit que toute tentative de négocier serait vaine: il fallait vaincre ou être écrasé. Hélas, l’hiver russe avait tout compromis.

Cessons donc de lutter exclusivement CONTRE ceci ou cela: contre les juifs, les francs-maçons, les gauchistes, les féministes, les écologistes, que sais-je encore… Luttons POUR: pour nous amender, pour un projet de société viable, pour une spiritualité vraie, pour une vision de la vie constructive. C’est là la seule voie de salut.

Mais qu’en est-il de votre combat révisionniste, Monsieur Reynouard?

Certes, en tant que révisionniste, je lutte contre des mensonges historiques. Toutefois, mon message dépasse largement le révisionnisme historique. Ceux qui me suivent le savent.

Beaucoup s’étonnent de ma capacité à résister dans les épreuves. Ce n’est pas le révisionnisme qui me le permet, mais ma vision de la Vie, vision que j’ai exposée à de nombreuses reprises. Elle en inspire plus d’un, et j’en suis heureux, car mon combat, c’est aussi — et avant tout — cela.

Certes, mes travaux révisionnistes resteront (je pense en particulier à mon ouvrage sur le drame d’Oradour); toutefois, au-delà de mes recherches, j’espère qu’on se souviendra de l’homme sans haine, car persuadé que ses adversaires et les événements extérieurs participaient à la diffusion de la vérité et à la bonification générale.

À mes yeux, sur la scène terrestre, chacun joue un rôle dans une économie générale du Salut. Quand on comprend cela, on se délivre de la colère, du ressentiment et de la haine (autant de forces sombres) pour privilégier les forces lumineuses de l’amélioration personnelle et collective.