Depuis plusieurs semaines, nous entretenons une correspondance fournie avec M. Reynouard. Ces échanges de lettres ont amené le professeur à mettre par écrit son opinion sur des sujets très divers.
Rapidement, nous avons pensé qu’il faudrait un jour publier ces lettres, car elles mettent en lumière un aspect important du combat de M. Reynouard: le révisionnisme n’est pas une fin, mais seulement un moyen.
Pour améliorer la lisibilité du texte, nous avons pris le partie de présenter ces échanges sous la forme d’un dialogue, ne citant que les passages des lettres de M. Reynouard qui traitent de sa vision du combat révisionniste, et résumant les nôtres en de simples qui synthétisent nos questions et remettent en contexte les réponses apportées par le professeur.
Comme cette échange de courrier s’est étalé sur plusieurs semaines, le texte final est relativement long. Voilà pourquoi nous le publieront en plusieurs articles au cours des prochains jours.
Nous vous souhaitons une agréable lecture.
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[SC. Parmi les lecteurs qui écrivent, certains soulignent qu’en matière de révisionnisme, vous avez accompli votre devoir et vous suggèrent de cesser le combat pour prendre un repos bien mérité.]
VR. Je reçois des lettres semblables. Un aimable correspondant m’écrit par exemple: « […] ne vous sacrifier pas toute votre vie. Il n’y a personne de connu qui oserait se mettre à côté de vous, donc ce n’est pas votre faute si les choses n’avancent pas. »
Je les remercie de leur sollicitude qui me touche beaucoup. Toutefois, un élément essentiel doit être pris en compte: quand on est appelé à défendre le vrai, le beau, le nombre, la lutte n’est jamais harassante.
Je puis en témoigner: même en prison, ma vie reste extrêmement enrichissante et pleine de joie. Par conséquent, je n’ai nulle envie de cesser le combat.
[SC. Cette absence de soutien n’est-elle pas, cependant, pesante, car quand on mène un combat public, on apprécie de recevoir l’appui de gens qui ont l’oreille du public?]
VR. Dans les années 1990, le révisionnisme a reçu indirectement le soutien de l’abbé Pierre qui était la personnalité préférée des Français. Le fondateur d’Emmaüs se plaça aux côtés de Roger Garaudy, attaqué pour avoir publié un ouvrage révisionniste intitulé: Les Mythes fondateurs de la politique israélienne.
Quelques années plus tard, l’humoriste Dieudonné fit monter sur scène le professeur Faurisson. Le révisionnisme a donc bénéficié de l’appui de personnes connues. Bien que cela soit impossible à quantifier, je suis certain que les thèses révisionnistes se répandent dans les masses.
Le sujet étant tabou, les convaincus restent discrets. Aussi a-t-on l’impression que rien n’avancent; mais c’est faux, j’en suis convaincu au regards du courrier que, de-sui des années, je reçois.
[SC. Suite à votre arrestation cependant, aucune personnalité n’a élevé la moindre protestation.]
VR. Un des principes essentiels de la non-violence (qu’elle soit physique, verbale ou mentale) peut s’énoncer ainsi: face à une situation susceptible de vous contrarier, commencez toujours par vous poser sérieusement la question suivante: « quelle est ma part de responsabilité dans cette affaire? » Y répondre permet de surmonter la colère, le ressentiment et le désespoir.
Considérons mon cas. Certes, aucune personnalité n’ose se placer à mes côtés. Toutefois, quand on se déclare révisionniste et qu’on se revendiquent publiquement national-socialiste, peut-on vraiment s’étonner et d’offusquer de se retrouver seul? Je n’ai rien fait pour éviter cette solitude. Dès lors, je ne dois pas m’en plaindre.
[SC. On aurait pu espérer davantage de courage chez les responsables de la droite radicale.]
VR. Cet espoir me semble illusoire, car, par conviction, par stratégie ou par crainte, la droite nationale se désolidarise du national-socialisme. Dès lors, comment pourrait-elle publiquement me soutenir?
Ses dirigeants savent qu’ils seraient immédiatement accusés de proximité avec l’idéologie dont ils veulent à tout prix se distancier. Ce n’est donc pas leur silence à mon propos qu’il convient de dénoncer, mais, en amont, la stratégie adoptée par la droite nationale envers le national-socialisme.
Cependant, à l’égard du national-socialisme, la droite nationale peut de diviser, grosso modo, en deux groupe: d’un côté, il y a les nationalistes opposés au national-socialisme n’ont aucune raison de défendre le IIIe Reich, ni aucune personne qui s’en réclame; de l’autre, il y a ceux dont les sympathies nationales-socialistes sont plus ou moins prononcées, qui soulignent que l’objectif de leur formation politique est de rassembler un maximum de citoyens autour d’un projet de société nationaliste. Or, on ne peut rassembler si l’on défend le nazisme, idéologie repoussoir par excellence!
Les uns comme les autres oublient ce que Maurice Bardèche avait compris dès 1947 toutefois. Dans son œuvres magistrale Nuremberg ou la Terre promise, Bardèche prévint qu’à travers l’hitlérisme, les vainqueurs condamnaient à mort toutes formes de nationalisme, et lança cette avertissement: « Ce n’est pas seulement les Allemands, c’est nous sous qui sommes dépossédés. »
Puis venait le passage prophétique dans lequel Bardèche expliquait que désormais, « toute nation, tout parti qui se souviennent du sol, de la tradition, du métier, de la race sont suspects ». L’auteur précisait qu’après la pendaison des chefs nationaux-socialistes, nos champs et nos villes bâties par les anciens ne nous appartiendraient plus et deviendraient la proie de l’étranger.
Il ajoutait: « Le monde est désormais démocratique à perpétuité. Il est démocratique par décision de justice. Désormais un précédent judiciaire pèse sur toute espèce de renaissance nationale. » Aujourd’hui, cette condamnation de tous les nationalismes est résumé ainsi: « l’extrême-droite, on sait où ça a mené. » Sous-entendu: elle mène à la dictature, aux guerres d’agression et aux « chambres à gaz ».
Voilà pourquoi la droite nationale n’a pas d’autre choix que de dénoncer publiquement l’Histoire écrite par les vainqueurs de 1945, et de rectifier les mensonges colporter par leurs héritiers idéologiques. Elle doit monter à l’assaut de la place où les partisans de l’ordre mondial établie en 1945 ont installé leur arme idéologique de destruction massive, je veux parler du slogan: « L’Histoire montre où mène le nationalisme.
Certes, cette place est une forteresse très bien défendue; mais c’est justement l’importance de l’objectif qui pousse l’adversaire à multiplier les remparts et à les hérisser d’armes défensives. Intimidée, voire apeurée, la droite nationale déserte ce champ de bataille et s’engage sur d’autres: l’immigration incontrôlée, l’islamisation, l’insécurité…
Mais à peine la bataille s’est-elle engagé qu’une bombe idéologique explose, décimant les troupes nationalistes: « l’extrême-droite, on sait où ça a mené. » De là toutes ces batailles perdues, alors que la droite nationale dénonce depuis des années les vrais problèmes et propose des solutions adéquates.
Le Front national a émergé voilà quarante ans, à Dreux. À l’époque, jeune adolescent, j’entendais dire: « Le Pen dit tout haut ce que les Français pensent tout bas. » Dès lors, pourquoi le F.N. n’a-t-il pas été porté au pouvoir? Parce que « l’extrême droite, on sait où ça a mené ».
Voilà pourquoi Marine Le Pen a imposé à son parti la stratégie dite de « dédiabolisation », qui consiste à condamner le national-socialisme en tant qu’idéologie criminelle, et moderniser le F.N. en abandonnant les fondamentaux de la droite nationale (mariage réservé aux hétérosexuels, interdiction de l’avortement, etc.).
Le Rassemblement national se présente désormais comme un parti qui ne remet en cause ni les « acquis sociaux » (avortement, pacs, etc.) ni les grands principes républicains, et se réclame d’une République « propre », avec une immigration ramenée à un niveau « raisonnable », dans une France « en ordre ». Vous constaterez que cette stratégie porte ses fruits.
Certes, sur le plan électoral, la dédiabolisation permet des avancées. Toutefois, après trente ans de Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron, ce n’est l’actuelle vaguelette bleu-marine qui devrait effleurer le rivage; c’est une lame de fond qui devrait tout submerger.
Autrement dit: aux dernières élections présidentielles, Marine Le Pen aurait dût être élue triomphalement avec 60% à 70% des bulletins exprimés, et aux élections législatives, le R.N. aurait dû obtenir 200 sièges, voire davantage. On en est loin, très loin.
Or, en démocratie, tant qu’un groupe n’est pas majoritaire à l’Assemblée nationale, son poids dans les décisions politiques reste infime. J’ajoute que même si demain le RN se hissait au pouvoir, son programme fondamentalement conforme aux principes de républicains ne permettrait aucune révolution nationale.
On reviendrait peut-être à la France des annes 1950 (la France d’Amélie Poulain); mais c’est cette France qui a donné 1968. Ainsi, aussi longtemps que la droite nationale se détournera du révisionnisme historique, elle n’aura le choix qu’entre rester dans son ghetto ou se trahir pour espérer une victoire par les urnes.