Réponse à un catholique pro-isréalien

Réponse à un catholique pro-isréalien

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Dans une lettre courtoise à Rivarol (n°3585), M. Elmlinger, lecteur catholique, exprime son soutien à Israël. M. Reynouard a pris la liberté de lui répondre avec la même courtoisie.

Lettre de M. Elmlinger à Rivarol

[…] je me permets de déplorer votre hostilité à Israël.

Certes, le papier de Jean Terrien du 11 octobre 2023 m’a donné à réfléchir (RIV. 3583); les Israéliens ne sont pas blancs comme neige, mais qui est blanc comme neige ? Ceci dit, il faut choisir son camp; ceux qui en France soutiennent les Palestiniens sont les mêmes qui soutiennent l’invasion de la France et les terroristes du Bataclan. La civilisation est du côté d’Israël, mais pas des Palestiniens.

Mes recherches hâtives, superficielles sans aucun doute, m’ont amené à conclure que les Arabes n’étaient pas les vrais occupants de la Palestine et que les Juifs sous l’injonction d’Abraham s’étaient établis en Israël en remplacement de sauvages peuplades sans foi ni loi.

Le catholique que je suis considère que c’est une belle chose que le pays natal de Jésus-Christ revienne aux juifs, même s’ils ont rejeté les prophéties de l’Ancien Testament; Israël, pour moi, c’est comme le rappel de la présence vivante du Christ.

[…]

Monsieur,

Vous soutenez Israël, car vous craignez « l’invasion de la France » par des populations soumises à l’Islam. Nos échanges épistolaires en attestent, car vous écrivez: « le vrai danger, indirectement, vient de l’Islam qui est en train de conquérir la France et de l’Europe. »

Personnellement, je ne crois guère au « péril islamique », car, à mon humble avis, la société de consommation neutralisera cette religion, comme elle a neutralisé les derniers grands bastions du christianisme.

Israël n’empêchera pas la submersion migratoire

Toutefois, même si je me trompe, même si l’Islam conquérant nous menace avec l’arrivée de populations plus prolifiques, le soutien à Israël ne sauvera rien. En effet, au-delà des politiques désastreuses conduites par nos gouvernements, la submersion migratoire que connaît la France a une cause principale: notre peuple ne fait pas à assez d’enfants.

Les conséquences de cette faible natalité sont catastrophiques, car, la nature ayant horreur du vide, des courants migratoires s’établissent nécessairement des zones de haute pression démographique vers les zones de basse pression. Le phénomène est renforcé si les zones de basses pressions sont attirantes à bien des égards. Dans son manifeste de 1984, Les Français d’abord, Jean-Marie Le Pen l’avait expliqué et prônait, comme solution, une politique nataliste.

Cette politique n’ayant jamais vu le jour, la France vit aujourd’hui la submersion migratoire qui vous inquiète. Son sauvetage ne viendra pas, toutefois, de l’extérieur: un peuple qui lorgne au-delà de ses frontières en espérant trouver une planche de salut a déjà capitulé. Voilà pourquoi je n’ai jamais vanté ni Chavez, ni Haider, ni Poutine, préférant m’adresser à mon peuple pour tenter de le réveiller. Soutenir Israël contre les Palestiniens dans un conflit lointain me paraît donc vain, car ce n’est pas cela qui stimulera notre démographie anémiée.

Vous dites que la « civilisation est du côté d’Israël, mais pas des Palestiniens ». Quand bien même vous auriez raison (ce qui reste à débattre), et quand bien même il y aurait un lien étroit entre notre civilisation et celle des Juifs, sans enfants, une civilisation s’éteint. Par conséquent, au lieu de perdre notre temps et notre énergie à prend parti dans le conflit israélo-palestinien, œuvrons au réveil de notre peuple.

“Venez ! Tuons-le, et la vigne sera à nous !”

Je pourrais m’arrêter là, mais j’irai plus loin, car votre position vous conduit, bien involontairement, à donner des armes intellectuelles à ceux que vous appelez les envahisseurs.

Soucieux de légitimer votre soutien à Israël, vous invoquez un argument qui me surprend chez un catholique traditionaliste. Vous considérez comme « une belle chose que le pays natal de Jésus-Christ revienne aux Juifs, même s’ils ont rejeté les prophéties de l’Ancien Testament. »

Or, pour un catholique traditionaliste, les Juifs ne se sont pas contentés de rejeter les prophéties concernant le messie; ils sont collectivement responsables de la mise à mort du Christ et forment dès lors le peuple déicide: « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants » (Mt 27:25). Par conséquent, vous considérez comme « une belle chose que le pays natal de Jésus-Christ revienne » à ses assassins et leurs héritiers. J’avoue être incapable de comprendre.

Vous ajoutez: « Israël, pour moi, c’est comme le rappel de la présence vivante du Christ. » Pourtant, les évangiles et les Actes des apôtres sont clairs: non seulement les pharisiens corrompirent les soldats chargés de garder le tombeau du Christ afin de cacher la Résurrection (Mt 28:11-15), mais, de plus, ils tentèrent d’empêcher les apôtres de propager les enseignements du maître (Ac 4:18, 7:51-60). Pour un catholique, la « présence vivante du Christ » ne saurait être incarnée par Israël. Je suis stupéfait de lire de telles affirmations sous votre plume.

Pris au piège de votre propre argumentation

J’en termine avec les arguments que vous apportez involontairement aux gens d’en face.

Vous écrivez: « Les Israéliens ne sont pas blancs comme neige, mais qui est blanc comme neige? » J’en conviens. Toutefois, immédiatement après, vous reprochez aux pro-Palestiniens de soutenir « les terroristes du Bataclan ». Ils vous répondront: « Certes, les activistes de chez nous ne sont pas blancs comme neige, mais qui est blanc comme neige? » Pourquoi ce qui serait une excuse pour les Israéliens ne le serait-il pas pour leurs adversaires? Vous voilà donc pris au piège de votre propre argumentation.

Plus grave: vous affirmez que « les Juifs, sous l’injonction d’Abraham » (j’aurais plutôt dit: « sous l’injonction de Moïse ») se sont légitimement établis en Palestine, car ils y ont remplacé (en exterminant sans pitié hommes, femmes et enfants: relisez le Deutéronome, 2:34 et 3:6) « de sauvages peuplades sans foi ni loi ».

Toutefois, pour les mahométans, il n’y a de foi véridique et de loi légitime qu’au sein de l’Islam. Dès lors, ils peuvent alléguer que, sous l’injonction de Mahomet, ils envahissent des pays pour y remplacer des populations « sans foi ni loi ». Que leur répondrez-vous? Qu’ils n’ont pas la vraie foi? Mais sans même pénétrer sur le terrain de l’apologétique, les Juifs ont-ils, aujourd’hui, de votre point de vue, la vraie foi? Selon vous, non; et pourtant, vous estimez qu’ils conserveraient le droit légitime de rester en Palestine. S’il en est ainsi, alors vous ne pourrez refuser aux musulmans d’utiliser votre argument pour conquérir la France: « Nous remplaçons un peuple qui, à nos yeux, n’a ni foi ni loi. »

La peur est mauvaise conseillère. Votre lettre à Rivarol le démontre: par crainte de l’Islam, vous défendez des positions que je juge intenables et, surtout, vous apportez de l’eau au moulin d’en face.

Le mensonge à l’origine de tous ces maux

Dernière remarque. Vous affirmez que, dans la guerre israélo-palestinienne, « il faut choisir son camp ». À mon avis, il y a mieux à faire. En effet, ce nouveau carnage est le symptôme d’un mal plus profond: celui d’un monde soumis à la mémoire de la Shoah. Au Moyen-Orient, la Shoah a permis la naissance d’Israël, source permanente de tragédie. Sous nos latitudes, la Shoah paralyse les peuples blancs, les empêchant de s’opposer au processus de destruction de leur civilisation.

Dès lors, plutôt que de prendre parti dans un conflit secondaire, mieux vaut s’attaquer à la racine du mal en ouvrant la boîte noire de l’Holocauste. L’ex-président iranien Ahmadinejad l’avait compris. Pour diverses raisons, il n’a pas été suivi. Tant que cette boîte noire n’aura pas été ouverte, le sang coulera au Moyen-Orient (en majorité du sang palestinien) et l’Europe continuera à subir, impuissante, la submersion migratoire.

Voilà pourquoi je ne perds ni mon temps ni mon énergie à prendre parti dans le présent conflit israélo-palestinien. Cela ne signifie pas qu’il serait sans importance; mais je reste persuadé qu’aucune solution équitable ne sera trouvée au Moyen-Orient tant que la boîte noire de la Shoah n’aura pas été ouverte. L’enjeu étant capital, j’y ai consacré ma vie. J’espère qu’un jour, le monde le comprendra.