Lettre ouverte de Vincent Reynouard au préfet de police de Paris

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Monsieur le Préfet,

Le 27 avril, vous avez interdit la tenue d’une conférence que je devais donner à Paris et qui portait sur les principes du national-socialisme1.

Une interdiction de nature idéologique

En guise de motif, vous alléguiez: « à l’occasion de la conférence susvisée, il existe des risques sérieux pour que des propos à caractères antisémites et négationnistes soient tenus« .

Vous expliquez que de tels propos:

  • « constituent des infractions à la loi pénale » ;
  • « sont de nature à mettre en cause la cohésion nationale ou les principes consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et par la tradition républicaine » ;
  • « peuvent porter atteinte à la personne humaine alors même qu’ils ne provoqueraient pas de troubles matériels« . Vous ajoutiez: « la notion de troubles immatériels […] permet de prévenir les troubles à l’ordre public, en s’attachant à la préservation d’un système de valeurs objectives qui cimentent l’harmonie sociale, sans pour autant porter d’atteinte excessive à l’exercice par les citoyens de leurs libertés fondamentales ».

Ces explications démontrent que l’interdiction n’avait pas pour motif un risque de désordre matériel. Elle était — et reste — de nature idéologique.

En France, 80 ans après la « Libération », les autorités bâillonnent celui qui voudrait prononcer un plaidoyer pour le national-socialisme. Même s’il le prononce devant un auditoire de 35 personnes réunies sur invitation dans un petit local parisien fermé.

La seconde guerre mondiale n’a de fait jamais cessé

J’avais donc raison quand, le 13 avril à Perpignan, j’affirmais que la lutte des démocraties contre le national-socialisme continuait2. Le 8 mai 1945 ne fut que la fin d’un épisode armé, mais le combat continue, car ce combat est avant tout idéologique.

Fin juin 1943, le collaborateur Martin de Briey écrivit:

Cette guerre dépasse mes patries respectives […] C’est un bouleversement de l’histoire, c’est une révolution mondiale totalitaire qui oppose, avec l’inflexibilité de la nécessité historique, des idéologies fondamentales et des conception de vie collective entre lesquelles il n’est pas de compromis possible3.

Martin de Briey

Un mois plus tard, il précisa:

Si le conflit était entre la France et l’Allemagne, tous les Français, sauf les traîtres ou les fous, seraient avec la France et contre l’Allemagne. Mais c’est précisément parce que ce conflit n’est pas entre la France et l’Allemagne, mais qu’il est entre l’idéologie révolutionnaire que représente l’Allemagne et les idéologies opposées — capitalisme impérialiste et bolchevisme universel — que représentent l’Amérique et la Russie, c’est pour cela que les Français ne sont pas d’accord entre eux et meurtrissent leur unité4.

En soulignant que mes propos « sont de nature à mettre en cause la cohésion nationale », vous admettez, Monsieur le Préfet, que rien n’a changé depuis 1943: la lutte idéologique continue.

Il n’y a là rien d’étonnant. Le Guide républicain diffusé dans les établissements scolaires enseigne:

l’individualisme apparaît comme le code génétique des sociétés démocratiques modernes. Les droits de l’homme en sont la traduction institutionnelle. Contre tous les totalitarisme, contre les fanatisme de tous bords, nous nous devons, en tant que démocrates, de défendre le principe de l’individu autonome et souverain. »

Aux plus jeunes, l’encyclopédie Vikidia déclare:

la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen est individualiste. Cela s’oppose au fascisme pour qui l’individu n’est rien et doit sacrifier ses intérêts personnels à l’intérêt du groupe social (en particulier le pays)5.

La guerre qui oppose la république et le national-socialisme résulte donc de l’opposition radicale entre la primauté du Bien commun promu par celui-ci et l’individualisme fruit des droits de l’homme défendus par celle-là.

Pas de cohésion nationale possible au nom des Droits de l’homme

Mais c’est ici que votre discours, Monsieur le Préfet, devient contradictoire. Vous dites vouloir défendre « la cohésion nationale« , mais pour ce faire, vous invoquez les Droits de l’homme qui promeuvent l’individualisme, source d’atomisation sociale.

Le philosophe Denis Marquet souligne6:

une société dominée par l’individu n’a pas de principe d’unité. Elle est donc nécessairement minée par un principe de séparation.

Une société viable se fonde nécessairement sur une dimension qui unit. Pour créer l’unité, une telle dimension doit être considérée comme transcendante par rapport aux individus et aux groupes qui composent la société. La patrie, par exemple, est un principe d’unité valide.

En effet, tous les individus se sentent appartenir à la patrie et la reconnaissent comme quelque chose qui les dépase; à tel point qu’ils peuvent accepter de donner leur vie pour elle. En d’autres temps, le roi constituait le principe d’unité du royaume: les individus étaient unis entre eux par le fait d’être les sujets du même roi, lequel était placé en position transcendante.

Mais, dans une société ultralibérale, l’individu est le seul principe reconnu transcendant. Or, il n’est pas principe d’unité mais de division.

Nous le voyons bien: nos démocraties occidentales ont de plus en plus de mal à faire société. Le rejet des contraintes par l’individu, la force de dissolution exercée par les intérêts particuliers, les revendications des diverses communautés entraînent une dislocation progressive du corps social.

On tente encore de recoller les morceaux: on en appelle au retour du civisme, on prêche la laïcité contre les revendications communautaires, certains cultivent la nostalgie de l’autorité perdues… Mais en vain: car ce qui manque désormais, c’est un principe d’unité.

La modernité, comme refus du règne de l’autre, a donc enfanté un type humain nouveau, l’individu, qui est une chimère et une contradiction: parce qu’il est humain, il ne peut vivre sans société; mais, parce qu’il exige d’être le seul à régner sur lui-même, il ne peut vivre en société.

L’homme moderne est un consommateur hédoniste et égoïste. Laurent Fourquet le décrit ainsi7:

le Consommateur se satisfait d’exister pour lui-même et se moque bien de savoir s’il y a, oui ou non, des êtres et des choses en dehors de lui.

Il est régi par un autisme fondamental qui le conduit à ne saisir le monde qu’à partir de lui et pour lui […]

Évidemment, le Consommateur sait que, en théorie, il y a d’autres êtres vivants autour de lui. Mais il n’y croit pas. Il est persuadé, intérieurement, que tout, homme, animal, végétal est un réalité une chose dont il peut user ou abuser.

Le national-socialisme et la primauté du Bien commun

À cette vision individualiste mortifère, le national-socialisme oppose la primauté du Bien commun. Dans Mein Kampf, Hitler prévenait8:

Sitôt que l’égoïsme établit sa domination sur un peuple, les liens de l’ordre se relâchent et, en poursuivant leur propre bonheur, les hommes sont précipités du ciel dans l’enfer. La postérité oublie les hommes qui n’ont recherché que leurs propres intérêts et vante les héros qui ont renoncé à leur bonheur particulier.

Plus loin, il expliquait9:

le devoir de l’individu est de restituer à la communauté nationale, par son zèle et son honnêteté, ce qu’il a reçu d’elle. Celui qui agit ainsi mérite la plus grande estime et la plus haute considération. Le salaire matériel accordé à un individu peut correspondre à l’utilité que le produit de son travail présente pour la communauté ; mais le salaire idéal doit être l’estime à laquelle peut prétendre tout homme qui consacre au service de son peuple les capacités que lui a données la nature et que la communauté a complètement développées. Il n’y a plus de honte alors à être un bon ouvrier.

Enfin, Hitler précisait:

Ce n’est pas avec des phrases et des théories que l’on peut satisfaire les besoins des ressortissants d’un peuple ; c’est grâce à la portion des biens collectifs qui échoit chaque jour à chacun, et lui prouve que la communauté sert les intérêts de l’individu grâce au travail de tous. » (Ibid., p. 135).

À l’individualisme des droits de l’homme, Hitler opposait donc la règle suivante: « Dans un premier temps, oubliez-vous: travaillez d’abord pour le bien de la communauté; et lorsque la communauté prospère vous rendra ensuite ce qui vous revient pour assurer le bonheur de tous. »

Les réussites concrètes du national-socialisme en Allemagne

Appliqué en Allemagne, ce renversement des principes permit un redressement spectaculaire du pays. Deux indicateurs le confirment: la nuptialité et la natalité. Fin 1937 en Europe, la nuptialité allemande arrivait en tête devant celles du Danemark, de la Suède et de l’Italie. La natalité allemande, quant à elle, était bien supérieure à celle de tous ses voisins10.

A l’époque, l’abbé Lambert visita le Reich. Ayant interrogé un Allemand sur les opposants au régime, celui-ci lui répondit11:

Certes, il y en a… un pour cent. Car les anciens socialistes, les anciens communistes, se sont ralliés pour la plupart au régime. Hitler ayant prouvé qu’il appliquait vraiment son programme socialiste. Hitler a réalisé… les partis d’avant Hitler discutaient, promettaient et ne faisait qu’accroître la misère.

Plus loin, l’auteur constatait:

Hitler, en fait, est l’émanation même du peuple allemand. Il incarne son intelligence, sa conscience, sa volonté. A ce titre, il n’est pas à proprement parler un dictateur, puisqu’il représente l’intelligence, la volonté, la conscience, non pas seulement de 10 000 individus, mais de millions d’êtres qu’il dirige, non seulement selon son inspiration à lui, mais selon leur aspiration (p. 122).

Enfin, il commentait:

Supprimer la liberté vdes adversaires est une chose… mais il faut savoir créer… Et certainement c’est parce qu’Hitler a su construire et créer que beaucoup des ennemis les plus acharnés du national-socialisme se sont ralliés au régime… malgré la suppression des libertés individuelles.(p. 179).

Malgré ses défauts, la mise en pratique du national-socialisme en Allemagne a démontré que la primauté du Bien commun sur les intérêts individuel permettait de sortir de la crise.

Mentir toujours pour discréditer ses adversaires

Sans doute m’objecterez-vous: « Même si c’était vrai, cette réussite sociale ne pèserait rien, car le national-socialisme, on sait où ça a mené: à la guerre et à l’extermination de millions de personnes. »

C’est en effet ce que prétend le récit bâti par les vainqueurs de 1945 et enseigné aujourd’hui afin de susciter l’antifascisme.

Mais la république que vous servez, Monsieur le Préfet, a un problème avec l’Histoire.

Considérez par exemple votre arrêté d’interdiction. On lit à mon propos: « plusieurs fois condamné pour négation de crimes de guerre, contestation de crimes contre l’humanité et provocation à la haine, l’intéressé avait été remis en liberté sous contrôle judiciaire et avait fui en Écosse, où il vivait sous une fausse identité, jusqu’à son arrestation en novembre 2022 et son extradition vers la France. » C’est triplement faux:

  1. Je n’ai jamais été condamné ni pour « négation de crime de guerre », ni pour « provocation à la haine »;
  2. Je n’ai jamais fui en Écosse à la faveur d’une remise en liberté sous contrôle judiciaire. Je me suis exilé en Angleterre en 2015, après avoir été condamné, en première instance, à deux ans de prison ferme en vertu de la loi Gayssot. Je savais que désormais, ma situation en France serait intenable;
  3. De 2015 à 2021, j’ai vécu légalement dans la grande banlieue de Londres. J’avais un numéro de sécurité sociale britannique; ayant créé mon auto-entreprise, je travaillais comme professeur de math particulier et je payais mes impôts. J’ai fui et je me suis caché en Écosse au début du mois de novembre 2021, après avoir échappé de justesse à une tentative d’arrestation sur la demande insistante des autorités françaises.

Les serviteurs de la République française ne peuvent s’empêcher de mentir lorsqu’ils parlent de leurs adversaires. C’est vrai lorsqu’il s’agit de ma personne, ça l’est d’autant plus lorsqu’il s’agit du IIIe Reich, surtout pendant la seconde guerre mondiale. Là, on plonge dans un abîme de contre-vérités.

J’ai écrit sur le drame d’Oradour-sur-Glane et sur l’histoire du système concentrationnaire allemand. Pour mes conclusions sur l’Holocauste, j’ai déjà passé 24 mois derrière les barreaux. Pour les sept vidéos qui m’ont valu mon extradition, je serai certainement condamné à un an supplémentaire.

La vérité n’a pas besoin de loi pour se protéger des contradicteurs

La France souhaite en outre m’embastiller pour quinze mois en vertu de deux jugements et d’un arrêt prononcés alors que j’étais exilé. J’attends enfin d’autres plaintes qui, n’en doutons pas, me vaudront d’autres peines de prison.

La vérité aurait-elle besoin de lois pour se protéger des contradicteurs ? Un manuel de morale publié en 1882 et destiné aux écoles républicaines enseignait12:

La libre discussion est d’absolue nécessité dans l’ordre des croyance qui se démontrent et qui se discutent.

La loi antirévisionniste Gayssot démontre que l’Histoire écrite par les vainqueurs est devenu une religion. Plus exactement une contre-religion avec ses dogmes, des temples, ses rites, ses apôtres et, surtout, sa morale.

Je n’invente rien: le réseau Canopé propose aux enseignants un matériel pédagogique pour entretenir la Mémoire afin de lutter contre les discriminations. Parmi les documents figure un ouvrage intitulé: Leçons de la Shoah. Son auteur, Gérard Rabinovitch, écrit13:

Le parti pris de cet ouvrage est de tenter d’ébaucher — appuyé des faits exhumés, explorés, consignés — ce que la Shoah, dans son effectivité ineffaçable, appelle de remises en perspective cognitives, de synthèses alertées, d’avertissements éthiques.

Il ne s’agit pas que de « devoir de mémoire », il s’agit de prendre la mesure de ce que « le nazisme a constitué pour l’Occident une échéance historique et un épisode de destructuration dont les sociétés contemporaines demeurent tributaires », tel que le souligne le juriste et psychanalyste Pierre Legendre.

Les épouvantes du XXe siècle, cette « machine à liquider permanente » comme le nomme l’écrivain Imre Kertész, mobilisent les historiens en vigiles des faits; convoquent la philosophie politique à remettre à plat ses questions fondatrices: qu’est-ce qu’une vie bonne ? Qu’est-ce qu’une bonne société ? Qu’est-ce qu’un bon agir en commun ?

L’étouffement de l’histoire par la mémoire permet un discours moral sur le passé

On le voit, la mémoire de la Shoah sert à dire où est le bien.

Laurent Fourquet a donc raison de souligner14:

L’étouffement de l’histoire par la mémoire permet un discours moral sur le passé.

Il y a le bien, le mal, les bons, les méchants, toutes catégories que l’histoire ignore et qu’elle abandonné volontiers à la philosophie ou à la théologie.

La contre-religion de la Shoah impose une morale antinazie, celle de la non-discrimination qui prétend se fonder sur les droits de l’homme. D’où les lois antirévisionnistes promulguées afin d’empêcher tout débat sur les « chambres à gaz » homicides nazies.

C’est la guerre idéologique qui continue. Dans cette guerre, vous servez les camp des démocraties; je sers celui du national-socialisme. Je prends la parole pour dénoncer les mensonges qui émaillent le récit bâti en 1945 par les vainqueurs; vous m’empêchez de m’exprimer.

Vous avez, Monsieur le Préfet, empêché la tenue de ma conférence. En réponse, je l’enregistrerai et la diffuserai via Internet. Le public sera bien plus nombreux que si elle avait eu lieu le 27 avril dans un petit local devant 35 personnes. Ainsi la vérité se diffusera-t-elle plus largement.

La répression à laquelle vous collaborez ne sauvera pas les mensonges de la république, soyez-en convaincu.


1 Le communiqué préfectoral est consultable à l’adresse suivante: https://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr/sites/default/files/Documents/arrete2024_00550.pdf.

2 La vidéo de la conférence est disponible sur: https://odysee.com/@JeuneNationTV:c/Reynouard-Perpignan-2:3.

3 Le Lien, 22 juin 1943, p. 1.

4 Le Lien, juillet 1943, p. 1 et 2.

5 Vikidia, « L’encyclopédie des 8-13 ans que chacun peut améliorer ! », entrée « Individualisme » (https://fr.vikidia.org/wiki/Individualisme).

6 Denis Marquet, Aimez à l’infini (Paris: Flammarion, 2019), p. 225-226.

7 Laurent Fourquet, L’ère du consommateur (Paris: Cerf, 2011), p. 32 et 33.

8 Adolf Hitler, Mein Kampf (version pdf disponible à l’adresse suivante: http://beq.ebooksgratuits.com/Propagande/Hitler-combat-1.pdf) p. 527.

9 Adolf Hitler, Mein Kampf (version pdf disponible à l’adresse suivante: http://beq.ebooksgratuits.com/Propagande/Hitler-combat-2.pdf), p. 114-115.

10 La Revue de l’Alliance nationale contre la dépopulation, octobre 1938.

11 Abbé Lambert, L’Allemagne d’aujourd’hui expliquée par l’Allemagne d’avant guerre (Paris: jean Renard, 1942), p. 52

12 Henri Marion, Leçons de morale (Paris: Armand Colin, 1882), p. 240.

13 Gérard Rabinovitch, Leçons de la Shoah (s.l.: Canopé, s.d.), p. 8.

14 Laurent Fourquet, L’ère du consommateur…, p. 45.