Le véritable sens de l’accord germano-soviétique

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Un Internaute m’envoie cette photo: fin août 1939, le ministre des Affaires étrangères du Reich, von Ribbentrop, serre la main de Staline.

Cette photo serait une preuve flagrante de l’identité entre le nazisme et le communisme.

C’est toutefois confondre idéologie et politique. Les circonstances provoquent parfois un écart entre les deux. Ce fut le cas en 1939.

Depuis plusieurs années, en effet, les démocraties occidentales pratiquaient bon an mal an une politique d’encerclement de l’Allemagne. En avril 1935, par exemple, Pierre Laval déclara au Premier Ministre britannique Ramsay McDonald:

[…] faisons la chaîne. Il n’y a que ce moyen de mettre Hitler dans l’impossibilité de nuire. Faisons la chaîne de Londres à Moscou1.

Cette politique n’était pas secrète. Le 30 mars 1935, un organe français parla de faire barrage à Hitler. Ce barrage, c’était:

l’alliance entre la France, l’Italie et la Russie, appuyées par l’Entente balkanique […]. Hitler saura que ce barrage formidable ne peut être ébranlé. Il y a plus. La bête sauvage est enfermée dans une cage où il n’y a plus beaucoup de nourriture […]. Un coup de pouce… et il s’effondrera. Le boycottage économique et financier est une arme prodigieuse2.

Lorsque, en janvier 1939, l’Allemagne s’aperçut qu’il serait impossible d’arriver à un accord pacifique avec la Pologne (car elle subissait l’influence de l’Angleterre et de la France), von Ribbentrop dit à ses collaborateurs:

Nous n’avons plus désormais qu’une seule ressource si nous volons échapper à l’encerclement: c’est de nous entendre avec les Russes3.

Pourquoi ? Parce que fin 1938, du côté américain, on espérait cyniquement qu’une guerre éclaterait entre l’Allemagne et la Russie. Elle permettrait aux démocraties d’en finir avec le Reich. Dans un rapport, l’Ambassadeur polonais à Washington avait écrit :

les États démocratiques [ont] absolument besoin de deux années encore avant d’avoir parachevé leurs armements […] Ce serait le désir des États démocratique de voir se déclencher à l’est un conflit belliqueux entre le Reich allemand et la Russie […] l’Allemagne [se verrait] condamnée à une longue guerre qui l’affaiblirait. C’est alors seulement que les États démocratiques […] attaqueraient l’Allemagne et la contraindraient à capituler. 4

Voilà pourquoi, à partir du printemps 1939, Hitler accepta l’éventualité d’un pacte germano-soviétique. Lorsque, en août 1939, il apparut que la France et l’Angleterre voulaient s’entendre avec Moscou, le Führer brusqua les choses fit conclure le pacte.

Telle est l’origine de cette photo: en signant avec Staline, Hitler obéissait à des considérations purement diplomatiques. L’idéologie était sans aucun rapport.