Dans cet article, Vincent Reynouard répond à la question d’un internaute qui lui demande son point de vue sur les conditions dans lesquelles les juifs furent déportés pendant la Seconde Guerre mondiale.
Un internaute m’interroge:
même si vous aviez raison sur les chambres à gaz (qu’elles n’aient pas existé), comment justifiez-vous l’horreur de déporter des êtres humains dans des wagons et de séparer les familles en sachant qu’elles vont à une mort quasi certaine (certes, pas volontaire, mais on s’imagine bien que ce ne sera pas le Club Med’)?
Pour ma part, je ne justifie pas la déportation des Juifs; je me borne à expliquer ce qui, à mes yeux, s’est vraiment passé. J’expose l’enchaînement des événements, en considérant le contexte.
La déportation envisagée avant la guerre
Dans mon ouvrage Pourquoi Hitler état-il antisémite?, j’ai expliqué les raisons pour lesquelles le Führer avait adopté une politique antijuive. Je ne reviendrai pas ici sur les réactions de certaines associations juives internationales qui, dès mars 1933, orchestrèrent une campagne antinazie. La fièvre monta jusqu’à provoquer, le 9 novembre 1938, la « Nuit de cristal » en réponse au meurtre d’un conseiller de l’ambassade d’Allemagne à Paris, par un jeune Juif polonais.
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À partir de janvier 1939, les autorités du Reich renforcèrent leur politique d’émigration des Juifs. La guerre entraîna la suspension des opérations. La défaite de la France donna du crédit au « plan Madagascar »: certains membres du gouvernement allemand voulaient faire de cette île un territoire réservé aux Juifs. Toutefois, la poursuite du conflit empêcha la réalisation de ce projet.
Le contexte dans lequel fut planifiée la déportation
Hitler croyait que la guerre s’achèverait en 1942
À l’automne 1941, le succès foudroyant des troupes allemandes à l’Est modifia la situation. Le Führer croyait qu’en quelques semaines, le pouvoir soviétique s’effondrerait. Il espérait que cette victoire militaire permettrait de terminer la guerre avantageusement.
En effet, depuis plusieurs mois, Hitler répétait que des tractations secrètes entre Londres et Moscou expliquaient l’entêtement britannique à poursuivre une lutte désespérée. Les Anglais, disait-il, savaient que tôt ou tard,Staline se serait tourné contre l’Allemagne. Tel était leur espoir. En conséquence, Hitler présumait que la défaite soviétique contraindrait le Royaume-Uni à signer la paix.
Dans l’esprit d’Hitler, judaïsme et communisme ne font qu’un
Sachant que, dans l’esprit d’Hitler, le judéobolchevisme était l’ennemi n°1, une victoire complète impliquait, pour le Führer, non seulement la désintégration de l’URSS, mais aussi l’extirpation du judaïsme en Europe, autrement dit l’expulsion des Juifs hors du continent.
D’où cette décision, à l’automne 1941, de déporter les Juifs dans les territoires récemment conquis aux dépens de l’URSS. Il s’agissait d’une solution temporaire: une fois la paix signée et le calme revenu, un territoire réservé aux Juifs serait établi quelque part. C’était l’affaire de quelques mois seulement.
Tel fut, au départ, le projet décrit lors de la conférence de Wannsee (initialement prévue en décembre 1941): les Juifs seraient déportés à l’Est et mis au travail (construction de routes), une partie d’entre eux disparaîtraient naturellement, tandis que les plus résistants constitueraient le germe d’un renouveau juif (dans le cadre de cet article, je ne discuterai pas de la moralité de ce plan; je me borne à exposer les faits historiques tels qu’ils se sont déroulés).
Le contexte dans lequel fut réalisée la déportation
Espoirs déçus
Cependant, l’hiver russe précoce et très rude compromit les rêves d’une victoire rapide. Hitler espérait toutefois qu’au printemps, un dernier coup de boutoir permettrait d’en finir avec l’Union soviétique.
La déclaration de guerre de l’Allemagne aux États-Unis, le 11 décembre 1941, entrait dans ce plan: les autorités allemandes escomptaient qu’en retour, le Japon déclarerait la guerre à l’URSS, ce qui aurait ouvert un deuxième front à l’est de la Russie.
Là encore, les espoirs furent déçus.
Besion de main d’œurve
Pourquoi, malgré ces déconvenues, Hitler ne renonça-t-il pas à la déportation des Juifs? Parce que depuis le printemps 1942, le Reich avait un besoin urgent et vital de main-d’œuvre. Le 16 mars, un plénipotentiaire à la main-d’œuvre fut nommé: Fritz Sauckel.
Les autorités allemandes comptaient utiliser les Juifs aptes au travail pour les employer à la production de guerre. Quant aux inaptes, ils seraient laissés sur place ou déportés à l’Est pour y être parqués dans des ghettos.
La vision de cette guerre qu’avaient les dirigeants allemands
Toutefois, dans un contexte de guerre totale, avec l’intensification des bombardements sur l’Allemagne, les infrastructures étaient très defficientes, et les dirigeants allemands devaient avoir conscience que beaucoup de ces Juifs déportés allaient à la mort. Alors pourquoi ont-ils continué malgré tout la déportation des Juifs? Parce que la continuation et surtout l’intensification du conflit leur fournissaient une excuse qu’ils jugeaient légitime.
Les dirigeants du Reich voyaient le peuple allemand souffrir, les hommes mourir au front, les civils subir les bombardements de terreur, le rationnement et la mise au travail. Dès lors, Hitler considérait comme équitable que les Juifs, qu’il considérait, à tort ou à raison, comme responsables de la guerre, subissent eux aussi les conséquences du conflit. Cette vision des choses du Führer explique (sans la justifier — ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit) pourquoi il ordonna que les Juifs soient déportés, mis au travail ou entassés dans des quartiers réservés, et que leurs biens soient saisis (pour être distribués à des sinistrés).
À partir de 1942, la question juive n’intéresse plus Hitler
À cette époque, Hitler ne voulait plus entendre parler de la question juive. Au chef de la chancellerie Hans Lammers qui l’interrogeait à ce sujet, il répondit que d’autres questions le préoccupaient: l’Allemagne était engagée dans une guerre à mort contre les trois plus grands empires mondiaux; il fallait vaincre; on trouverait un endroit pour y déplacer les Juifs ensuite.
C’est ainsi que les déportations se poursuivirent, provoquant la mort de très nombreux juifs, surtout parmi les déportés à l’Est. La faim, la maladie et la misère les fauchèrent par milliers.
À supposer que, comme le prévoyait Hitler, l’URSS se soit effondrée au printemps 1942 et qu’une paix eût été signée à l’Ouest, les déportations auraient sans doute été mieux organisées, avec un nombre de morts considérablement réduit. Je n’écris pas cela pour justifier ces déportations, mais pour souligner qu’au départ, elles ne devaient pas conduire à causer des morts par milliers. Toutefois, les événements ne se déroulèrent pas comme prévu, et des engrenages fatals se mirent en branle.
Une shoah a donc bien eu lieu
Voilà pourquoi j’affirme que, même sans les « chambres à gaz » ni volonté génocidaire, entre 1941 et 1945, les Juifs d’Europe vécurent une catastrophe, une « shoah » en hébreu. Les déportés ont souffert, nombre d’entre eux sont morts, la plupart dans des conditions terribles. Tels sont les faits qui m’apparaissent indéniables. Contester ces souffrances ou s’en moquer est injuste.
Dans cette affaire, les coupables sont ceux qui ont provoqué la guerre: je désigne ici Churchill et sa clique, ainsi que Roosevelt et son administration. Leur responsabilité est écrasante. Je l’ai démontré dans des textes et des vidéos auxquels je renvoie le lecteur intéressé.
Dernière précision: il va de soi que les souffrances des Juifs durant la déportation ne justifient pas le comportement des autorités israéliennes. L’histoire de la Shoah doit être révisée et la question d’Israël repensée. Je ne conteste pas aux Juifs le droit de disposer d’un foyer national, mais ce droit ne doit pas s’exercer pour le malheur d’autres peuples.