Affaire Daillet: une aubaine pour le Pouvoir?

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J’espère me tromper, mais je crains que l’affaire Daillet ne soit un aubaine pour le Pouvoir. Non pas à cause de la docilité des juges –c’est habituel– mais à cause des gens impliqués dans l’affaire. Je m’explique.

Lors de son arrestation, un soutien de Rémy Daillet, Pierre Hadrien Fabre, devint son porte-parole et l’animateur de son mouvement «Renversement». Le 3 juin, il diffusa une nouvelle vidéo. Parlant de l’arrestation, il lança: « Tout le monde sur notre planète va le savoir. C’est ta fin, République dite française. Et dans tes derniers instants, tu vas devenir la risée du monde entier. A bas la République! vive la France! Tous derrière Rémy Daillet-Widmann1. »
J’ai éprouvé une grande sympathie pour ce garçon qui y croyait, qui avait tout quitté pour soutenir la cause du «Renversement» et qui avait le courage de prendre la défense de Rémy Daillet sous son vrai nom et en montrant son visage.

Mais une semaine plus tard, patatras! Dans une vidéo touchante d’honnêteté, M. Fabre informa son public qu’il avait craqué: il craignait d’être arrêté à son tour par la Police. Sa crainte avait suscité des crises de panique; il en avait très peu dormi. Puis il expliquait: « Je crois que cette histoire de Renversement, je vais commencer à m’éloigner un petit peu, je vais regarder les choses de loin parce que là… je n’y arrive plus… personnellement… je n’ai pas d’argent, ma famille se pose trop de questions, je n’ai pas de métier, je n’ai pas de job… tout cela, ça ne m’inspire pas grand chose finalement…2 » Après avoir dit qu’il ne regrettait rien, il terminait par un: «Bye bye.»

J’admire ce jeune garçon, car dans la panique, il aurait pu dire : « J’ai été embrigadé par le gourou Daillet; il m’a séparé de ma famille et m’a entraîné dans une aventure alors que je n’avais ni argent, ni travail ; il m’a fait tenir des discours excessifs et prendre des risques inconsidérés. J’ai ouvert les yeux, j’arrête tout. » M. Fabre n’a pas tenu ce discours.

Mais je pense aux personnes mises en examen et écrouées dans l’affaire Mia. R. Daillet étant qualifié de « gourou » et de « manipulateur3« , il leur sera facile de dire : « J’étais dans une situation de détresse, il m’a manipulé, il m’a trompé, je le regrette… » On retrouvera ici la stratégie banale qui consiste à noircir l’accusé principal pour apparaître plus blanc. Si cela arrive, non seulement R. Daillet se verra lâché par ses comparses, mais aussi, il deviendra le symbole des ‘extrémités’ où mène le ‘complotisme’. Une aubaine pour le Pouvoir!
Gageons donc que plus les comparses chargeront R. Daillet, plus les juges seront conciliants avec eux.
Certes, j’espère me tromper. Tout dépendra du courage des gens impliqués.