Des assassinats qui sont des aveux

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29 juin 1944: il y a 77 ans jour-pour-jour, la presse annonçait l’assassinat, la veille, de Philippe Henriot. Philippe Henriot, c’était avant tout cet éditorialiste qui, chaque jour, s’exprimait à la radio. Orateur redoutable, ce partisan de la collaboration franco-allemande convainquait les foules. Telle fut la raison pour laquelle la Résistance organisa son assassinat.

Sans surprise, elle parla de « l’exécution du traitre Henriot ». Exécution? Non, car pour qu’il y ait exécution, il faut qu’il y ait eu procès. Or, Philippe Henriot n’avait pas comparu devant une cour régulière. Il avait été condamné à mort en son absence, sans avoir été prévenu et sans avoir pu présenter sa défense. Notez que cette façon d’agir conserve une certaine honnêteté, un peu comme les bolcheviques qui vous logeaient une balle dans la nuque.
Aujourd’hui, les choses sont plus hypocrites. Certes, vous passez devant un tribunal régulier, mais la loi Gayssot vous interdit tout défense sur le fond. Au juge qui vous reproche d’avoir « contesté l’existence d’un crime contre l’humanité », vous répondez: « Oui, mais ma contestation se fonde sur des arguments historiques et scientifiques ». Le juge vous répond alors: « Peu m’importe. Je ne suis pas chargé d’écrire l’Histoire, mais d’appliquer la loi… » Pour éviter la condamnation, votre avocat tente de trouver un vice de forme. En vain bien souvent, car le Code de procédure a été respecté. A défaut de respecter la Justice, on respecte la procédure. Autrement dit: on viole la Justice, mais sur un lit avec des draps propres.

J’ai connu ce genre de procès où vous êtes condamné d’avance. Ce n’est plus un assassinat physique, mais un assassinat légal. L’objectif est le même: réduire au silence. Et si l’on excepte quelques « têtes brûlées », ça marche…

Une autre tactique consiste vous faire perdre votre emploi. De 1997 à 2016, sur dénonciation, j’ai perdu cinq postes de professeur. Là encore, le but poursuivi est de vous faire taire. Car pendant que la personne réduite à vivoter se bat pour survivre financièrement, elle ne songe plus s’exprimer publiquement. Si j’ai pu y échapper, c’est parce que j’ai toujours pu donner des cours particuliers.

La dernière stratégie consiste à emmurer vivant: on dresse autour de vous un mur du silence. Cette stratégie a été adoptée par les gardiens de la Mémoire d’Oradour. De 1997 (date de parution de mon livre) à 2004, ils ont tenté la répression. Ayant échoué sur toute la ligne, ils ont finalement choisi de m’ignorer.
Mais avec l’extension de la loi Gayssot à certains crimes de guerre, les choses vont changer: ils pourront désormais pratiquer l’assassinat légal. La première victime sera Jérôme Bourbon, courageux directeur de « Rivarol ».

Il sera alors temps de répéter ce que Philippe Henriot déclarait un an avant son « exécution »: « Quand on ne songe qu’à l’assassinat pour se débarrasser d’un contradicteur, c’est qu’on n’a pas d’arguments » (éditorial du 30 mai 1943).