Le cliché qui illustre ces réflexions a été pris voilà 77 ans jour-pour-jour. C’était le 26 septembre 1943, sur la terrasse du palais Chaillot, à Paris. Le Rassemblement National Populaire (RNP) y organisait la « cérémonie de la relève des générations ». S’adressant à ces jeunes, Marcel Déat les invitaient à s’engager, à la suite de leurs aînés, dans ce combat pour « une France socialiste, nationale, autoritaire qui trouvera tout naturellement sa place en Europe. » (voy. L’Œuvre, 27.IX.1943, p. 2) Une Europe fédérée par le national-socialisme.
On connaît la suite. 1945, la défaite des armes… Aujourd’hui la terrasse du Palais Chaillot est devenue le « Parvis des Droits de l’Homme ». Au nom de ces droits de l’homme, la France est submergée, menacée de disparition, pendant que Hervé Ryssen croupit en prison.
Mais ce 26 septembre 1943, le chef des Jeunes du RNP, Roland Silly, lança prophétiquement :
Il faut savoir surmonter ses fatigues, ses déceptions, ses désespérances ; vous avez une civilisation à mettre debout, un ordre nouveau à créer ; une reconstruction prodigieuse vous sollicite.
77 ans plus tard, ce mot d’ordre n’a jamais été si actuel.
L’héroïsme véritable commence par ne jamais désespérer, quelle que soit la situation. Si tragique soit l’époque, il faut rester à son poste, ne pas déserter ni se rendre. En résumé : le militant doit faire preuve d’une force d’âme irrésistible.
Hors cette tension des âmes, expliqua Marcel Déat, rien n’a plus de sens et tout retombe au plus bas. L’Europe elle-même ne se sauve qu’à force d’héroïsme. Aucun jeune ne refusera cet idéal, si inaccessible qu’il paraisse aux cœurs sans fermeté. D’ailleurs, nous n’avons d’alternative qu’entre mourir lâchement et vivre héroïquement. Notre choix est fait.
77 ans après, j’adresse le même message aux jeunes qui m’écoutent et qui me lisent. Abandonner le combat, c’est mourir : car même si le cœur bat encore, celui qui a baissé le bras est un esprit mort. En revanche, continuer la lutte, c’est vivre, et cela même si, physiquement, on en vient à mourir : car tant que l’on vit, surmonter ses fatigues, ses déceptions, ses désespérances permet d’apprendre, donc de se bonifier.
J’ai 52 ans et je ne regrette nullement ma jeunesse. Si on me proposait de revenir 30 ans en arrière, avec l’esprit que j’avais voilà 30 ans, je refuserais catégoriquement, car ces années de combat m’ont tant appris qu’aujourd’hui, je me sens mille fois mieux qu’à l’âge de 22 ans. Si je devais mourir demain, je l’accepterais sans peine, parce que je quitterais cette vie l’âme en paix, avec la satisfaction de l’accomplissement.
Voilà pourquoi je vous appelle à ne jamais abandonner : vous êtes sur Terre pour vivre, pas pour végéter et mourir dans la médiocrité. Or vivre, c’est se dévouer au Bien commun.