À l’heure où j’écris, Rémy Daillet et sa famille sont en vol vers la France1.
En vain, son avocat , Maître Basson-Larbi, a clamé que l’expulsion forcée de Malaisie était illégale, exécutée « au mépris des conventions internationales, au mépris des règles de procédure et surtout au mépris de l’appel2. »
Quelques heures avant leur embarquement pour Paris à partir de Singapour, l’avocat rappela l’absence de convention d’entraide pénale ratifiée entre ces deux pays: « En droit, conclut-il, Singapour ne doit pas expulser cette famille ou extrader Monsieur Rémy Daillet-Wiedemann3. » En droit, peut-être. Mais dans certaines affaires idéologiques (même si l’idéologie est sous-jacente), le droit compte peu, ou pas du tout.
Il en va de même des droits de l’homme. Interrogé le 13 juin Maître Basson-Larbi a lancé: « La France est déshonorée dans cette affaire là, et la France n’est plus le pays des droits de l’homme. » C’est cependant oublier que les droits de l’homme définissent un cadre ‘politiquement correct’ dans lequel –et dans lequel seul– ils s’appliquent automatiquement. Si vous êtes hors de ce cadre, et notamment si vous êtes un ‘facho’, alors la protection des droits de l’Homme devient aléatoire. Or, en demandant le renversement de la République, l’ « établissement d’un monarque », la « suppression des mots faux et maçonniques « Égalité, fraternité » dans la devise nationale », la lutte impitoyable contre la Franc-Maçonnerie, la destruction des monuments mémoriels, l’abolition du PACS et du ‘mariage’ gay, le dissolution du Planning familial, le déremboursement de l’avortement, la déchéance de la nationalité et l’expulsion automatique des étrangers ayant commis un acte délictueux…4 Rémy Daillet fait figure de ‘facho’.
La seule question qui se pose désormais n’est donc pas: « bénéficiera-t-il des droits de l’homme? » mais: « au-delà des protestations platoniques et des messages vengeurs diffusés sur le Net, que vont faire, concrètement, ses milliers de soutiens pour le défendre? » Verra-t-on un sursaut, ou comme toujours, l’État pourra-t-il réprimer en toute impunité, les uns applaudissant, les autres refusant de soutenir pour telle ou telle raison et les soutiens montrant une résignation invincible?