Un jeune correspondant a adressé un courrier à un Vincent Reynouard pour lui demander ce qu’il pense être à la cause de la situation politique actuelle de la France.
Depuis sa cellule de la prison d’Édimbourg, Vincent Reynouard a décidé de lui répondre de manière aussi complète que possible, et a rédigé un exposé d’une trentaine de pages, dont nous avons reçu une copie.
Voici la première partie de cet exposé que nous avons décidé de découper en huit parties de longueur équivalente, pour en faciliter la lecture.
Nous vous souhaitons une agréable lecture.
1. Un peuple manipulé?
La volonté de comprendre « comment nous en sommes arrivés là » m’a habité dès que j’ai constaté l’échec de l’action politique. C’était au début des années 1990.
Jeune militant nationaliste, je me suis interrogé: nous dénonçons les vrais problèmes et proposons des solutions de bon sens, fondées sur l’expérience du passé; alors pourquoi le peuple les rejette-t-il?
On me répondait que les Français étaient manipulés à leur insu par les médias du Système. Mes camarades dénonçaient plus particulièrement l’influence néfaste de la télévision (« l’athée-lévy-Sion »).
Certes, la radio et le petit écran permettaient à l’État d’orienter les foules. Pourtant, avant même l’Internet, des médias dissidents existaient: des revues et des « fanzines » notamment. Pourquoi le peuple ne les lisait-il pas? « Parce qu’il s’agit d’une presse marginale, clandestine même, dont les gens ignorent l’existence, » me répondait-on.
2. Les enseignements tirés de l’Occupation
2.1. Juin 1940, un rejet massif de la République
Au début, cette raison alléguée me parut convaincante. Toutefois, l’étude de l’Occupation me fit changer d’opinion.
En juin 1940, la défaite militaire provoqua un rejet brutal de la IIIe République. Le 10 juillet, l’Assemblée nationale chargea le maréchal Pétain de rédiger une nouvelle constitution. Bénéficiant du soutien d’une grande majorité de la population, le gouvernement entreprit une politique de rénovation du pays.
À Vichy et à Paris, les autorités prirent le contrôle de la presse et de la radio. Dès l’été 1940 ainsi, les grands médias diffusèrent uniquement des informations conformes aux objectifs de l’État français et aux exigences de l’Occupant. Des livres, des articles et des émissions radiophoniques promurent la Révolution nationale.
À partir d’octobre 1940 en outre, la Collaboration fut présentée comme une nécessité et un bienfait. Des Allemands favorables depuis toujours à la réconciliation des deux peuples s’exprimèrent à la radio ou lors de conférences organisées dans les grandes villes (citons le Dr Friendrich et le Pr Grimm).
Les libérations de prisonniers de guerre bénéficièrent de reportages laudateurs. Des ouvriers partis travailler en Allemagne attestèrent le bon accueil qu’ils avaient reçu. Ils vantèrent les réalisations sociales stupéfiantes dont eux-mêmes et leur famille bénéficiaient grâce au national-socialisme.
S’y ajoutaient les causeries et les articles qui dévoilaient le projet allemand pour la formation, après guerre, d’une Europe unie sous l’étendard du national-socialisme. Les peuples conserveraient — voire cultiveraient — leurs particularismes nationaux, mais ils seraient soudés par des échanges culturels et commerciaux au sein d’une économie dirigée, afin d’éviter les crises.
En 1941, l’exposition « la France européenne » esquissa l’avenir de l’Hexagone dans cette nouvelle Europe tournée vers l’avenir tout en restant fidèle au passé.
2.2. Le peuple revient rapidement à ses vices d’avant-guerre
Or, malgré ces efforts médiatiques soutenus, les collaborateurs sincères — j’écarte les opportunistes — restèrent peu nombreux en comparaison de la population totale. Dans leur grande majorité, les Français furent « attentistes ».
Toutefois, à l’heure où le Vieux Continent jouait son destin face au libéralisme dissolvant et au bolchevisme destructeur, toutes les forces disponibles devaient se rassembler et se jeter dans la bataille. Par conséquent, être attentiste, c’était se déclarer cotre la Révolution européenne dont l’Allemagne avait pris la tête par accident et à laquelle la France collaborait.
Dès 1942, des Collaborateurs clairvoyants, comme Marcel Déat, Georges Suarez et Martin de Briey, expliquèrent les raisons de cette opposition: passé le choc de la défaite, la grande majorité des Français revint à ses vices d’avant-guerre, à savoir son goût pour la politique de partis, le parlementarisme et le bulletin de vote.
En effet, les Français étaient restés des jouisseurs individualistes qui considéraient la démocratie libérale comme le meilleur garant de leurs libertés individuelles. D’où leur refus de collaborer avec le IIIe Reich et leur soutien apporté à la cause anglo-américaine.
Certes, la presse collaborationniste était lue et la radio écoutée, mais c’était avant tout pour les renseignements pratiques et pour les sujets politiquement neutres, tels que la culture, le patrimoine, la cuisine, les sports, l’agriculture, les sciences, les arts, etc.
Quand il s’agissait d’informations générales ou idéologiques, les attentistes écoutaient majoritairement la radio anglaise. Ils disposaient en outre des journaux clandestins, des brochures et des tracts diffusés sous le manteau. Les informations recueillies étaient ensuite colportées oralement.
2.3. Le peuple sait choisir selon ses préférences idéologiques
L’étude de la période de l’Occupation me fit comprendre que, dans sa majorité, le peuple sait choisir ses sources d’informations, même si elles sont marginales, voire clandestines et frappées d’interdiction. Il les choisit en fonction de ses convictions profondes.
Ainsi, vers la fin des années 1990, le militant que j’étais commença à comprendre l’erreur commise par beaucoup au sein de la droite nationale: ce n’est pas parce que les gens sont sous l’influence des médias qu’ils soutiennent le Système, mais parce qu’ils soutiennent le Système qu’ils acceptent d’être influencés par les médias, ignorant les canaux d’information dissidents.
Certes, une fois sous influence, ils répètent ce qu’ils ont vu et entendu, mais au départ, ils ont fait un choix: celui de la démocratie libérale vue comme le meilleur garant des libertés individuelles.
3. Le modèle de société adopté dépend de la vision prévalente de l’Homme
Il me restait à comprendre les raisons de ce choix. Ma propre expérience de la vie m’y aida. Très jeune, je me posais la question du sens de l’existence: pourquoi sommes-nous là? Cette interrogation conduisait à une autre: y a-t-il quelque chose après la mort?
Au départ, ce questionnement était personnel. Toutefois, j’en découvris l’importance sur le plan collectif après avoir découvert le national-socialisme.
3.1. La primauté du Bien commun
En effet, l’objectif premier d’une société est la mise en commun des talents, afin de bâtir une organisation efficace. En retour, elle doit assurer à chacun une vie digne de la condition humaine. Tel est l’objectif ultime qui, pour être réalisé, nécessite la bonne santé de l’organisme élaboré.
Un citoyen doit donc tout d’abord œuvrer pour assurer, à son niveau, la pérennité de la société. Il doit accomplir sa tâche à la place indiquée, conformément à ses aptitudes et aux besoins de la collectivité.
Par exemple, l’autorité pourra exiger que des ouvriers d’une certaine branche d’activité se reconvertissent temporairement ou définitivement dans une autre, plus importante, où de nombreux postes restent vacants. De même, afin d’éviter les déserts médicaux, de jeunes médecins pourraient recevoir l’ordre de s’installer dans certains lieux et d’y rester jusqu’à la nomination de remplaçants.
Certes, après avoir servi la communauté, un citoyen sera en droit de réclamer des avantages personnels: augmentation de salaire, promotion, mutation, changement d’activité, etc.; toutefois, ils lui seront accordés selon le mérite et à la condition d’être compatibles avec le bon fonctionnement de l’organisation.
Tel est le principe de la primauté du Bien commun sur les intérêts particuliers. Toute société devrait reposer sur lui. Le national-socialisme en fait son premier pilier.
Suite: 2e partie.