Dans ce sixième et dernier article de la série Pourquoi je suis judéo-indifférent, Vincent Reynouard expose ce qu’il estime être la solution pour arrêter la déliquescence du peuple français et régénérer la société européenne.
Voici les liens vers les précédents articles de cette série:
– première partie;
– deuxième partie;
– troisième partie;
– quatrième partie;
– cinquième partie.
Notre premier devoir: guérir l’âme du peuple
Il va de soi que ce type de société sécrète tout naturellement des individus avides de faire fortune par le commerce ou ses dérivés (spéculation, agiotage…).
Les combattre ne servira à rien, car si les vendeurs et les profiteurs s’enrichissent, c’est parce que des acheteurs avides se présentent en foule. Expulsez les vendeurs, sachant que les acheteurs resteront, d’autres viendront proposer leur camelote.
Ce sont donc les citoyens qu’il faut guérir. De quoi? Du vide intérieur qui les habite, fruit d’une absence de spiritualité.
En effet, quiconque est affligé d’un vide intérieur cherche à se distraire et à combler cette béance par la consommation du matériel. Ce travers habite les riches comme les pauvres. En 1919, un auteur écrivit:
il faut le souligner, les hautes classes sociales, qui font les lois et mènent le monde, sont en général bassement matérialistes.
Regardez la vie des riches et dites-moi si elle ne se résume pas en ce seul mot: jouir! Et c’est précisément à cause de cela que je crie: casse-cou!
C’est parce que, dans les milieux ouvriers, je vois trop souvent que ce que le prolétaire envie au riche ce n’est pas le temps et les moyens de s’instruire et de devenir meilleur, mais seulement cette jouissance matérielle et sensuelle dont l’autre a fait le but de sa vie1.
Finalement, c’est l’âme de tous qu’il faut guérir: riches et pauvres. Ce message n’a rien de nouveau. En 1852, un antirévolutionnaire prévint:
Si vous voulez renouveler, changer la face du monde, c’est à l’âme humaine qu’il faut vous attaquer; car l’âme est le principe et la cause de tous les faits dont la simultanéité et la succession composent le mouvement social.
Si vous tenez à modifier l’effet, atteignez et modifiez la cause. Vous prétendez guérir la société et vous ignorez d’où vient et d’où procède le mal qui la tourmente!
La société n’est qu’un résultat, un effet, un être purement passif et inerte, un ensemble de rapports, et ce résultat, cet effet, cet être passif, cet ensemble de rapports, participe toujours de la nature de sa cause et varie comme elle — si elle est variable.
Quelle est donc la cause de tous ces phénomènes, de tous ces faits qui composent le mouvement social? Où est le principe de cet épanouissement qu’on appelle la vie humanitaire? Où est la source de ces flots sans nombre qui font la grande mer humaine?
– Dans l’âme de l’homme.
Si donc le mal existe dans l’effet, c’est qu’il est dans la cause — donc le mal est dans l’homme avant d’être dans la société, donc détruisez le mal dans la cause et vous ne le retrouverez plus dans l’effet […]
Entassez institution sur institution, invention sur invention, loi sur loi, si le mal est dans l’homme — et qui en doute? — jamais vous ne parviendrez à guérir la société et à établir l’ordre dans son sein.
Cette vérité est la condamnation de tous ces empiriques qui prétendent régénérer, à l’aide de procédés plus ou moins ingénieux, cet être abstrait et passif qu’on appelle la société2.
Ce message s’adresse à ceux qui voient dans les Juifs et les francs-maçons la cause de nos malheurs. Même si c’était vrai, ils se tromperaient d’objectif.
D’où qu’il vienne, le mal triomphe quand ceux qu’il tente ne savent pas lui résister — rappelez-vous l’histoire d’Adam et Ève et celle de Caïn et Abel. C’est cet esprit de résistance qu’il faut vivifier.
Ces dernières considérations nous ramènent au concours lancé par Édouard Drumont en 1895. L’intervention de Bernard Lazare inspira un auteur qui souhaitait y participer. Dans une lettre ouverte à Drumont, il expliqua:
vous avez mis au concours […] la question suivante: « Des moyens pratiques d’arriver à l’anéantissement de la puissance juive en France […] »
Vous l’avouerai-je, il me sembla en première lecture que la formule était un peu trop vague pour pouvoir être utilement développée et recevoir une solution pratique; j’aurais donc laissé a d’autres le soin de la traiter, si le lendemain je n’eusse trouvé […] une lettre de M. Bernard Lazare, qui, sans changer en rien la position de la question, la présentait, néanmoins, sous une forme plus générale, et demandait: « Quelles mesures faut-il préconiser pour échapper a la domination juive, ou plutôt A LA TYRANNIE DU CAPITAL, lequel n’est pas spécialement juif, mais UNIVERSEL? »
Ainsi rédigée, elle prend, vous en conviendrez, plus d’ampleur, et le débat se précise. Il perd surtout l’apparence étroite et sectaire que l’on voulait justement lui éviter.
Du reste, une question de cette importance ne doit pas être considérée dans un pays déterminé, sur une face particulière et sous un angle trop restreint, car on risque alors de prendre un effet pour une cause, et de n’arriver ainsi qu’à une solution banale ou faussée.
Tenez, procédons d’un exemple; nous voyons aujourd’hui nos vignes dépérir, et désireux d’y porter remède, nous cherchons par tous les moyens à détruire le phylloxéra, auteur présumé du désastre.
Malheureusement, nous sommes trompés par les apparences, ce n’est pas l’insecte tant préjudiciable soit-il, qui est la cause de la maladie de la vigne, c’est la vigne elle-même, qui, anémiée, sans force et sans courage, lassée de vivre pour être exploitée, s’est laissée envahir peu à peu par le terrible parasite, et a livré sans résistance sa sève précieuse à ses milliers de suçoirs.
Eh bien! de même, la prépondérance actuelle du juif, ce phylloxéra social n’est pas la cause active des maux dont nous nous plaignons justement, elle n’est qu’un effet, et la véritable solution du problème consiste à rechercher d’abord cette cause première et insoupçonnée de notre dégénérescence, et l’ayant trouvée, la supprimer si faire se peut.
C’est là, croyez-le bien, le seul moyen de nous guérir. Alors le juif disparaîtra comme s’évanouissent les fantômes lorsque le jour se lève3
Ne pas se bercer d’illusions et redonner au peuple la spiritualité
Cette cause première, c’est la perte de spiritualité chez les gens, une perte qui provoque ce vide intérieur et ce matérialisme dont tout découle. Tant qu’on ne l’aura pas supprimée, tous les combats anti ceci ou anti cela seront vains, car ils ne feront que s’attaquer à des conséquences, pas à la racine du mal.
J’entends souvent dire que c’en est trop et que les Français se réveillent. Pure illusion! Feuilletez les feuilles nationalistes, et vous constaterez que ce refrain nous est chanté depuis plus d’un siècle.
En 1890, dans une brochure intitulée: Le Juif, voilà l’ennemi!, on lisait:
À la suite de ce cri de guerre, formulé dans deux puissants réquisitoires, la France juive, et la Fin d’un Monde, un immense courant d’opinion s’est déterminé. L’instinct de la propre conservation a fait ouvrir les yeux à une foule de gens qui ne demandaient qu’à être éclairés […]
Drumont, en faisant la lumière, a rompu le charme, et maintenant on peut regarder l’ennemi en face. Le Juif, voilà l’ennemi! […]
Déjà, beaucoup de libres-penseurs se sont aperçus que, en édictant des mesures de persécution pour restreindre la liberté de personnes qui ne les gênaient en rien, ils faisaient le jeu des Juifs, et se sont dit: halte-là!
Beaucoup de socialistes ont compris aussi qu’il n’y avait plus rien à attendre du côté de la société française, en fait de revendications, parce que le Juif aura bientôt tout pris, et se sont écriés: Haro sur l’accapareur!4
L’auteur assurait que le peuple se réveillait. Mais rien ne vint: toutes les élections virent la victoire des républicains. En juillet 1936 encore, Henry Coston lança:
« Ils en feront trop » disait Édouard Drumont, parlant des Juifs et de leur insolence. Ils en ont trop fait, en effet.
Le glas de leur omnipotence a sonné avec l’avènement de Léon Blum au pouvoir. Le peuple français se réveille. Tel un lion, il commence à secouer sa crinière.
Je souhaite que les parasites qui l’infestaient ne soient pas trop malmenés — en langage clair: que les Français ne leur fassent pas payer trop cher les humiliations qu’ils ont subies trop longtemps5.
La parenthèse de Vichy put faire croire que le peuple s’était réveillé. Mais elle fut vite refermée en 1944, lorsque les foules accueillirent les « libérateurs ».
Et depuis? Les Français ont-ils refusé la contraception, l’avortement, le « mariage » gay? Malgré la dénonciation de multiples scandales et de preuves d’incompétence, ont-ils chassé les politiciens qui nous gouvernent?
Non, car le mal profond subsiste: dénués de spiritualité authentique , donc vides intérieurement, les Français plébiscitent la République garante du pain et des jeux dont ils ont besoin pour se distraire.
Voilà pourquoi je ne suis ni antijuif ni anti-maçon. À mes yeux, le combat est ailleurs: nous devons d’abord guérir le peuple français de son absence de spiritualité.
(Fin de cette série d’articles)