Hier, dans Londres, j’ai accordé un entretien à deux journalistes français qui réalisent un «long documentaire» sur les nationalistes dans le paysage politique et à travers les réseaux sociaux. Leur travail devrait être diffusé début 2022 par la chaîne M6.
J’ai accepté, car je savais que ce serait l’occasion de leur faire entendre une voix discordante venue de nos milieux. Je pensais d’ailleurs que pour préparer l’entretien, ils avaient étudié mon argumentaire. J’étais naïf. Je me suis trouvé face à deux personnes qui ignoraient quasiment tout de moi. Une ignorance si crasse qu’à un moment, la femme cru m’apprendre qu’il existait… un musée de la Shoah à Paris. Puis elle me demanda si j’avais été à… Auschwitz.
Le plus grave était qu’à leur ignorance se mêlait un parti pris évident. Les deux journalistes pensaient qu’ils allaient interviewer un monstre. Lorsque je leur expliqué ma conception du national-socialisme et ma philosophie du combat, quand je leur ai dit que je donnais des cours dans des familles juives, ils n’en crurent pas leurs oreilles. J’ai même eu la nette impression qu’ils ne me croyaient pas.
Car je me suis alors retrouvé non pas face à deux journalistes qui vous écoutent, mais face à deux enquêteurs qui cherchent à « coincer » un suspect qu’ils considèrent déjà comme coupable.
C’était vraiment le tribunal. Parmi les instant mémorables, celui où la femme argua que Hitler avait envahi la France. Je lui rétorquai que c’était la France qui avait déclaré la guerre à l’Allemagne. Puis j’ajoutai : « Connaissez-vous les seize propositions ? » Je parlais tout naturellement des seize propositions de Hitler pour résoudre pacifiquement les différent germano-polonais (29-31 août 1939). Elle me répondit que c’étaient eux qui posaient les questions, pas moi. C’était vraiment Nuremberg.
Autre instant mémorable, lorsque la femme me demanda si j’acceptais d’être confronté à un survivant des camps. Je répondis oui, à condition que le débat soit courtois et constructif. Je ne vouais pas venir pour me faire injurier. La femme me dit alors (en substance): « C’est trop facile, vous tenez des propos scandaleux et vous voulez que les gens restent calmes. » Le fautif ne serait donc pas le survivant qui s’énerverait, mais moi qui réclamait un débat courtois!
Je reviendrai plus en détail sur cet entretien, car il confirme, sur un cas concret, flagrant, enregistré, comment ces journalistes travaillent. Je ne regrette donc pas de l’avoir accordé.