L’audience du 9 mars devait être une simple audience préliminaire, en attendant celle du 6 avril au terme de laquelle la justice écossaise devait décider de l’extradition ou de ma remise en liberté de M. Reynouard. Toutefois, l’historien nous confie:
Quand au matin du 9 mars au matin je fus conduit au tribunal, je compris tout de suite qu’il y aurait du nouveau, car habituellement un détenu n’est pas extrait de la prison pour une simple audience préliminaire. Arrivé au tribunal, j’appris que la France avait lancé un nouveau mandat d’arrêt contre moi.
Pour être tout à fait exacte, la France a lancé un mandat rédigé il y a trois mois. En effet, ce nouveau mandat est daté du 8 décembre 2022. Voici comment nous explique ce laps de temps.
Le 9 mars, le procureur a précisé au tribunal qu’il avait demandé à la France la traduction de la vidéo par laquelle les autorités françaises ont lancé leur premier mandat d’arrêt. C’est là la preuve que le procureur écossais pressentait l’illégalité de ce mandat dans lequel M. Reynouard est accusé de « racisme » là où il n’y a que du révisionnisme stricto sensu.
Depuis le début de cette affaire, les autorités françaises savaient qu’elles étaient dans l’illégalité. Aussi craignaient-elles qu’au terme de l’audience du 9 décembre dernier, la justice écossaise ne décidât de remettre M. Reynouard en liberté. Si tel avait été le cas, elles auraient immédiatement lancé ce deuxième mandat d’arrêt où la case « racisme » n’est pas cochée.
Toutefois, lors de l’audience du 9 décembre, le juge écossais décida de reporter le procès. Paris attendit donc. Et lorsque, le 9 février, il est apparu que le procureur écossais flairait l’illégalité de la manœuvre, les autorités françaises décidèrent d’abattre leur nouvelle carte; mais elles attendirent la veille de la nouvelle audience, c’est-à-dire le 8 mars, pour transmettre le deuxième mandat à Londres. De façon évidente, Paris voulait prendre M. Reynouard et son avocat par surprise, afin de les empêcher d’analyser ce document au préalable. Le professeur nous raconte:
Le mandat me fut présenté environ une heure avant l’audience, alors que j’attendais dans une petite cellule du tribunal. L’inspecteur ne me donna même pas l’occasion de le lire; il le déposa à la réception en précisant que le document me serait communiqué plus tard. Le mandat me fut donc remis par un policier alors que l’audience avait déjà commencé.
Dans ce deuxième mandat, trois accusations sont portées: « contestation publique d’un crime contre l’humanité » (en un mot, du révisionnisme), « négation, minoration ou banalisation publique d’un crime de guerre » (il s’agit de l’affaire d’Oradour), et « provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, de l’ethnie, de la nation, de la race ou de la religion » (d’après eux, M. Reynouard susciterait l’antijudaïsme).
Les deux premières accusations ne sont pas préoccupantes, car le principe de la double incrimination (principe qui veut qu’une extradition soit accordée si un acte est considéré comme une infraction tant par la législation de l’État requis que par celle de l’État requérant) ne s’y applique pas: en effet, la contestation de crime contre l’humanité et la contestation de crime de guerre ne sont pas des infractions en Écosse.
La troisième accusation est la seule qui pourrait être retenue par le tribunal écossais. Toutefois, pour la formuler, les autorités françaises ont utilisé un procédé banal: elles ont retenu un extrait très court d’un exposé assez long que j’ai diffusé sous la forme d’une vidéo intitulée: « Problème juif: quelle solution? » Voici l’extrait sélectionné (les coupures sont celles des autorités françaises):
« Il existe un problème juif. Un problème que Hitler avait bien vu […] Mais je pousse ma réflexion plus loin et j’affirme qu’en exploitant les failles de notre société, les juifs en sont (les) révélateurs. Ce sont les révélateurs de nos propres manques. Autrement dit, si nos sociétés connaissent un problème juif, c’est parce qu’au départ elles souffrent d’un dysfonctionnement […] Certes, les juifs exploitent la situation pour nous dominer, voire nous asservir. Mais en agissant ainsi, ils nous révèlent nos déviances et nous donnent la possibilité de les résoudre. Par conséquent, les faire disparaître ne servirait à rien. »
M. Reynouard nous révèle:
Après avoir cet extrait, mon avocat m’a lancé: « Ce n’est pas de l’antijudaïsme, au contraire. » Nous nous entretenions alors seul à seul, un peu avant l’audience. Il a tout de suite compris ma position sur le problème juif.
Rappelons d’ailleurs que M. Reynouard expose sa position sur la question juive depuis près de dix ans sans jamais avoir été poursuivi, car en définitive, elle compare les juifs au thermomètre qui révèle une fièvre. Pour la guérir, il est inutile de briser le thermomètre ou de le jeter au loin.
Certains accusent les juifs d’être le « peuple du Diable ». Plusieurs des vidéos de M. Reynouard leur répondent: elles soulignent que le Diable fait partie de l’ordre divin.
Dans la Bible, lisez le livre de Job: vous y trouvez le Diable qui, au Ciel, s’entretient avec Dieu à propos de Job, un adorateur du Seigneur. Dieu autorise le Malin à malmener son serviteur afin de voir s’il ne va pas finir par maudire le Très-Haut. Le Diable, c’est le tentateur.
Dans la Genèse, son rôle apparaît clairement: le Malin se glisse dans un serpent pour tenter Ève, à aucun moment Dieu n’intervient ni pour le chasser, ni pour l’en empêcher, le Diable ne fait que tenir son rôle. D’ailleurs, si le Seigneur punit la race des serpents, il laisse au Diable le pouvoir de tenter tous les humains sur la Terre.
Par conséquent, lorsque certains accusent les juifs d’être le peuple du Diable, M. Reynouard leur rétorque: « Même si c’est vrai, ce n’est pas à eux qu’il faut s’en prendre, mais à nous, en corrigeant nos propres manques. »
Voilà pourquoi M. Reynouard se définit comme « judéo-indifférent ». Il ne m’intéresse pas aux Juifs et la « question juive » ne le préoccupe guère.
Notons d’ailleurs que si, dans ce deuxième mandat d’arrêt, les citations démontrant le révisionnisme de l’historien sont nombreuses (elles s’étalent sur plus de cinq pages!), seules sept lignes concernent un antijudaïsme allégué: sept lignes qui correspond à moins d’une minute d’une vidéo qui en dure cinquante-quatre! Or, c’est tout l’exposé qu’il faut considérer pour comprendre la pensée de M. Reynouard sur les Juifs. On s’aperçoit alors que l’historien ne suscite aucune haine.
M. Reynouard explique:
Ce mandat d’arrêt est la meilleure preuve que je ne suis ni antijuif ni obsédé par la question juive. Cette preuve, elle est apportée par mes accusateurs eux-mêmes!
Nous ne voudrions ni paraître méprisants ni offusquer qui que ce soit, mais nous désirons ici souligner un fait indéniable: celles et ceux qui passent leur temps à affirmer que la Terre est plate, que les Américains ne sont pas allés sur la Lune, que la COVID n’existe pas, que le réchauffement climatique est une fadaise ne sont pas pourchassés comme M. Reynouard l’est. Très souvent, on les laisse s’exprimer, parce que, quel que soit le degré de véracité de leurs thèses (sur lesquelles nous ne prononcerons pas), les problèmes qu’ils soulèvent ne sont pas primordiaux dans le domaine idéologique, domaine qui permet d’orienter les masses vers une société plutôt qu’une autre. Nous ne disons pas que ces sujets sont sans importance, mais nous affirmons simplement que le révisionnisme est beaucoup plus capital, car la Shoah est la clé de voûte de l’ordre mondial établi après 1945.
Quant à son avenir, M. Reynouard demeure optimiste:
Je sais que la Providence organise tout au mieux, sur le plan collectif comme sur le plan individuel. Dès lors, même si je suis extradé et que je reste des années en prison, la Providence m’offrira des opportunités de me bonifier.