Compte-rendu de l’audience du 21 septembre 2023

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L’audience plénière s’est finalement tenue comme prévu le 21 septembre. Sachant qu’il n’existe ni loi antirévisionniste ni loi antiraciste au Royaume-Uni, je serai extradé si les vidéos pour lesquelles la France me poursuit sont jugées comme menaçant l’ordre public ou comme « grossièrement offensant ».

La Défense invite à revenir aux textes inculpés

Prenant la parole en premier, la Défense souligna que, dans mes vidéos, je n’avais ni voulu appeler à la violence (ce qui constituerait une atteinte à l’ordre public) ni tenu des propos grossièrement offensants.

Pour le démontrer, elle produisit les traductions des vidéos concernées, insistant sur l’importance de ne pas se contenter d’en lire quelques extraits, mais de considérer le contexte et le message dans leur entièreté.

L’Accusation recourt à des racourcis

Pour lui répondre, l’Accusation invoqua plusieurs jugements selon lesquels il ne serait pas obligatoire de démontrer que le prévenu avait voulu inciter à la violente; ses propos seuls suffiraient.

Puis, elle invoqua le précédent posé par Alison Chabloz pour tenir le raisonnement suivant: « Mr Reynouard est antisémite (voyez l’extrait de sa vidéo sur la question juive poursuivie par la France 1) l’antisémite Chabloz a été condamnée pour avoir nié l’Holocauste en des termes grossièrement offensants; donc tout discours négationniste tenu par un antisémite est grossièrement offensant. Conclusion: les vidéos de Mr Reynouard sont toutes grossièrement offensantes. »

Des failles dans l’argumentaire du procureur

Le juge n’apparut guère convaincu par cette argumentation, et pour cause:

1. Après l’audience, mon avocat m’expliqua que les jugements invoqués par le procureur concernaient des personnes qui avaient ouvertement appelé à la violence, par des propos tels que: « Jetons les islamistes à la mer, » « Sus aux immigrés, » « Mort aux supporters de Liverpool »… Les magistrats avaient donc considéré qu’en eux-mêmes, les propos tombaient sous le coup de la loi, sans qu’il soit besoin de démontrer l’intention de leurs auteurs. Toutefois, mon cas est très différent: « vous avez exprimé ce qui, à vos yeux, relève du constat. C’est tout. Vous n’avez appelé personne à agir d’une façon ou d’une autre. Or, tout le monde a le droit de dire qu’il a constaté ceci ou cela, même si personne n’est d’accord. »

2. Quand à prétendre que, depuis la condamnation d’Alison Chabloz, tout discours révisionniste tenu par un antisémite (vértitable ou supposé) serait grossièrement offensant, c’est totalement faux! Dans le jugement d’appel de l’affaire Chabloz, on lit: « le fait qu’une personne soit négationniste ou antisémite ne prouve pas non plus tout ce qu’elle écrit ou chante serait grossièrement offensant » (§22). « Le caractère grossièrement offensant d’un discours donné doit être toujours jugé au cas par cas » (§14).

N’ayant pu relever, dans mes vidéos, ni incitation à la violence ni propos grossièrement offensants, le procureur en a été réduit aux raisonnements fallacieux.

La bateille juridique ne fait que commencer

Au terme de l’audience, le juge annonça qu’il rendrait sa décision le 12 octobre. Bien qu’il me soit apparu peu convaincu par les arguments de l’accusation, osera-t-il prononcer ma remise en liberté? C’est incertain, car la présence d’observateurs antirévisionnistes dans la salle peut faire craindre qu’en cas de non-extradition, une campagne de presse virulente ne soit orchestrée, prenant le juge pour cible. Mon avocat me l’a dit: « le juge sait qu’il prendra une décision marquante. » Osera-t-il? On ne peut que l’espérer.

Les enjeux étant lourds, la bataille judiciaire autour de ma personne sera menée jusqu’au bout par les deux camps: en cas d’extradition décidée, je ferai appel; dans le cas contraire, l’Accusation fera de même. Les délais d’appel avoisinant les trois mois, sans doute passerai-je un deuxième Noël derrière les barreaux.

Retour à mon chez-moi

À mon retour à la prison, sachant que les espoirs d’une libération avaient été douchés, les questions habituelles me furent posées: « êtes-vous tenté par le suicide? Voulez-vous vous mutiler? » Tout sourire, j’ai répondu: « Non, j’ai mes ennemis pour ça. » L’équipe de la réception a bien ri.

À l’étage du bâtiment où je me trouve, ma bonne humeur et mon amabilité sont reconnus de tous, gardiens et détenus. Le 19 septembre, un prisonnier m’a confié: « tu nous manqueras. » La veille de l’audience, une gardienne est venue me dire: « Si vous êtes libéré, je vous souhaite bonne chance pour l’avenir. Vous avez été un prisonnier merveilleux. »

Rester quatre mois de plus à la prison d’Édimbourg ne me dérange pas. Je suis heureux: ma cellule est devenue mon chez-moi, le hall, mon quartier et les codétenus, mes amis. Accepter son sort en considérant le bon côté des choses apaise l’esprit.

« Le royaume de Dieu est à l’intérieur de vous, » enseignait Jésus (Luc, 17:21). En effet, nous créons nous-mêmes notre bonheur ou notre enfer, tandis que les événements extérieurs ne sont que des occasions de choisir son destin. Quand on a compris cela, l’avenir n’est jamais plus un objet de crainte.

Land of hope and glory ?

Si je suis extradé et lourdement condamné en France, mon destin servira plus tard la cause révisionniste: « Ils n’ont pas osé l’affronter sur le terrain des idées lors d’un débat loyal; à la place, ils l’ont jeté en prison… preuve qu’il disait vrai. »

En cas de non-extradition, ce sera une victoire importante pour les défenseurs de la liberté d’expression et la Grande-Bretagne deviendra, pour les persécutés de la vérité historique, la « Terre d’espoir et de gloire, mère de la liberté, » chanté par Edward Elgar.

Land of Hope and Glory, Mother of the Free,
How shall we extol thee, who are born of thee?
Wider still and wider shall thy bounds be set;
God, who made thee mighty, make thee mightier yet (bis).

Traduction:
Terre d’espoir et de gloire, mère de la liberté, 
Comment ferons-nous ton éloge, nous qui sommes nés de toi ? 
Larges et toujours plus larges, tes frontières seront fixées. 
Puisse Dieu, qui t’a faite puissante, te rendre plus puissante encore (bis). 

Quoi qu’il arrive, j’ai gagné

J’ai consacré ma vie au révisionnisme historique. Mon combat m’a permis de rencontrer des gens passionnants et de vivre des épreuves qui m’ont bonifié. J’ai compris qu’ici-bas, tout est impermanent, éphémère: il ne faut s’attacher à rien, profitant de ce que l’on a quand on en dispose et ne le regretter pas quand on ne l’a plus.

Il faut aussi se rappeler sans cesse que si la Providence ferme des portes, Elle en ouvre d’autres. Ainsi, mon séjour en prison me permet d’améliorer mon dessin et de découvrir des auteurs (Jacques Ellul, Denis Marquet…)…

J’ai également compris que, dans un combat, ce n’est pas la victoire qui importe — l’issue reste l’affaire de Dieu — mais la droiture dans l’action. Je suis resté droit, j’ai refusé de recourir aux moyens déloyaux, j’ai agi à visage découvert, sans cacher mes objectifs.

Mais surtout, j’ai évité le piège de la haine, en me mettant sincèrement à la place de mes adversaires et en demeurant persuadé que nous jouons tous notre rôle au regard du plan divin.