Monsieur le Ministre,
Dans trois microbillets qui vous ont été adressés le 8 août sur Twitter1, la LICRA presse le gouvernement d’interdire mon dernier ouvrage intitulé Oradour-sur-Glane, le cri des victimes. Un quatrième microbillet2 vous recommande la lecture d’un article qui m’est consacré: “Vincent Reynouard, autopsie d’un négationniste3”, de Xavier Truti. Si elle avait été honnête, la LICRA aurait mentionné la réponse que j’y ai apportée, dans laquelle je réfute les divagations les plus criantes de Xavier Truti.
Vincent Reynouard et l’antijudaïsme
Dans son dernier microbillet, d’ailleurs, la LICRA me qualifie de pronazi4, espérant sans doute que cette étiquette me fera passer à vos yeux pour l’un de ces nombreux néonazis contemporains qui manifestent un antijudaïsme plus ou moins virulent.
Certes, je me revendique bel et bien du national-socialisme; mais on oublie trop souvent que le national-socialisme ne s’identifie pas à l’hitlérisme. Il lui est antérieur. Le premier parti national-socialiste fut créé en France en 19035, et il n’était pas antijuif.
L’hitlérisme fut une autre manifestation du national-socialisme, dans un pays donné et à une époque donnée, afin d’apporter des solutions à des problèmes spécifiques. Aussi présentait-il des aspects qui lui sont propres, parmi lesquels l’antijudaïsme6.
Par conséquent, on peut être national-socialiste sans être antijuif. C’est mon cas: je me définis comme judéo-indifférent et n’éprouve ni sympathie ni antipathie pour ce peuple composé, comme tous les autres, d’individus très divers. Je l’ai suffisamment prouvé non seulement par mes propos et mes actes. La consultation de mon blogue (blogue.sansconcession.net) le confirmera.
Certes, je pense que depuis au moins trois siècles, l’Europe a évolué dans la mauvaise direction. Toutefois, je n’impute cette transformation ni aux Juifs ni aux francs-maçons. Dans ma “Lettre à un jeune militant nationaliste”, publié sur mon blogue, j’ai expliqué ce qui, à mes yeux, constitue la racine du mal dont souffre notre civilisation: le matérialisme, dont tout découle. Et pour que tout soit clair entre nous, je précise tout de suite que, dans cette même lettre, j’ai expliqué que le matérialisme n’est pas une invention juive ou maçonnique7.
D’ailleurs, de nombreuses personnes qui m’ont lu et écouté, m’ont confié qu’au sein de l’ultradroite, je suis un élément modérateur, car je refuse les thèses simplistes, les généralisations abusives et j’adopte les analyses mesurées.
Ces précisions effectuées, j’en viens à la demande qui vous est formulée (“intimée” serait plus exact) d’interdire mon livre.
Un livre vendu illégalement ?
La LICRA déclare que mon nouvel ouvrage sur Oradour est “vendu illégalement8”. Xavier Truti prétend que mon nouveau livre sur Oradour n’aurait même pas fait l’objet d’un dépôt légal9.
C’est faux: tous les livres de Sans Concession sont déposés à la British Library, ainsi que dans les bibliothèques nationales des nations constitutives du Royaume-Uni et les deux prestigieuses bibliothèques universitaires de Cambridge et d’Oxford (la fameuse bibliothèque Bodléienne).
Xavier Truti ajoute que mon ouvrage est publié sans mention d’imprimatur10. Cette fois, il a raison; mais si j’ai agi ainsi, c’est pour éviter que des pressions ne soient exercées sur l’imprimeur.
De façon plus générale, ce sont mes adversaires qui, à force de harcèlement, m’ont contraint à me réfugier dans les catacombes et à rester le plus discret possible. Je n’évoque pas ici les tracas judiciaires; je parle des attaques extrajudiciaires, des coups bas qui m’ont été portés tout au long de ma carrière.
Depuis 15 ans, ceux qui veulent me faire aire se sont démenés, ne reculant devant rien: ils ont agi pour me faire chasser de toutes les grandes plateformes de partage de vidéos, ils m’ont dénoncé auprès des hébergeurs, des banques et des organismes de payement en ligne, ils ont fait fermer mon compte sur la plateforme de financement participatif Patreon.
Plus grave: dans une volonté de m’asphyxier financièrement, ils ont tout fait pour m’empêcher de donner des cours particuliers.
Enfin, ils ont tenté de découvrir mon adresse personnelle. Or, je rappelle qu’en France, ma compagne a été victime d’une agression devant chez elle par deux individus qui, peu après mon départ en Angleterre, voulaient connaître mes coordonnées personnelles.
Au Canada, le révisionniste Ernst Zündel a été victime de plusieurs attentats: il a reçu des colis piégés et sa maison a été partiellement détruite par un incendie criminel. Souvenons-nous enfin de l’agression très violente du professeur Faurisson, le 16 septembre 1989 à Vichy, non loin de chez lui.
Voilà pourquoi je reste très discret, protégeant mes imprimeurs et me protégeant en ne donnant, pour seule adresse, qu’une boîte postale, ce que Xavier Truti me reproche également11.
En outre, il écrit: “Selon une source proche du pronazi, en janvier dernier, un stock de livres, parti d’Angleterre pour la France, fut confisqué par la douane pour défaut des formalités d’exportation/importation de marchandises et défaut de paiement du droit de douane12.”
Je ne croirai à cette histoire que quand l’auteur me donnera plus de détails: qui est cette mystérieuse “source”? De quel “stock” s’agit-il? Quand a-t-il été envoyé? À destination de qui? A-t-on un document attestant la confiscation pour les motifs invoqués?
Mes doutes concernant les allégations de Xavier Truti sont légitimes, car il poursuit: “Reynouard fait expédier frauduleusement ses livres en France, de petites quantités transportées dans des véhicules personnels sans déclaration de douane, par ses bons amis ou par sa famille, à l’occasion de visites en prison13.”
Or, c’est entièrement faux! D’une part, je n’ai reçu aucune visite en prison, et d’autre part, aucun livre n’est sorti d’Angleterre, transporté dans un véhicule personnel.
Ce tissu de contre-vérité qu’est l’article de Xavier Truti a été publié dans l’organe de la LICRA. Vous comprenez, Monsieur le Ministre, pourquoi je vous recommande de lire ma réponse et d’observer la plus grande prudence face aux divagations de ces individus. Mais il y a plus.
Les réseaux imaginaires dénoncés par la LICRA
La LICRA veut croire — ou, du moins faire croire — que des réseaux existeraient au sein de l’ultradroite, dont certains menaceraient la République. Xavier Truti prétend par exemple qu’en Angleterre, j’aurais bénéficié de la protection “d’un réseau de néonazis et de nationaux-catholiques européens14”.
C’est du roman. Le “réseau” se bornait à un couple d’amis qui possédait une maison vétuste, dégradée et inoccupée dans la périphérie du grand Londres (pour l’anecdote: les premières nuits, n’ayant pas même un lit, j’ai dormi sur un carton au sol, dans la salle de séjour).
Mais la LICRA s’entête à voir des réseaux partout. Le deuxième microbillet qui vous a été adressé déclare: “La French connexion national-catholique et antirépublicain entre Vincent Reynouard, Alain Escada de Civitas et Jérôme Bourbon de Rivarol est établie depuis longtemps15.”
Roman là encore! Je n’ai ni parlé ni contacté Alain Escada en près de 20 ans. Nos objectifs sont très différents, voire incompatibles.
Quant à Jérôme Bourbon, il m’ouvre les colonnes e Rivarol à la condition — que je respecte — de ne rien écrire qui pourrait heurter l’orthodoxie catholique et ses lecteurs catholiques.
Depuis douze ans, en effet, j’ai quitté les milieux dits traditionalistes; je ne suis même plus catholique. J’ajoute que les rapports entre Jérôme Bourbon et Alain Escada sont très distants, ne serait-ce que pour des raisons de divergences qui existent au sein des milieux traditionalistes.
La “French connexion” dénoncée par la LICRA n’a donc aucune existence. MM. Escada, Bourbon et moi-même avons certes quelques adversaires et quelques objectifs en communs, mais nos divergences sont assez profondes pour empêcher toute action concertée au sein d’une entente étroite.
Les divagations de la LICRA ont pour objectif évident de vous faire croire, Monsieur le Ministre, que tous ceux qu’elle voudrait faire taire seraient liés, afin de vous pousser à multiplier les interdictions.
J’ose espérer que vous saurez garder la tête froide. L’initiative prise de dissoudre Civitas ne saurait ni justifier ni entraîner logiquement l’interdiction de mon ouvrage sur Oradour.
La LICRA se place sur le terrain de l’Histoire
Toutefois, la LICRA multiplie les angles d’attaque. Cachant sans doute que les invocations de la prétendue illégalité des ventes et d’une “French connexion” sont des arguments assez faibles, elle pénètre sur le terrain de l’Histoire. C’est légitime, car j’ai enquêté sur un événement historique.
La LICRA demande donc l’interdiction de mon nouvel ouvrage sur Oradour au motif qu’il “attaque l’histoire de ce drame16”. Elle soutient qu’il “nie et distord la réalité d’Oradour17”.
S’agissant d’une tragédie élevée au rang de symbole pour toute la nation et utilisé pour la formation civique des jeunes générations, ces griefs sont très graves. Par conséquent, je dois en répondre, je dois répondre de mes actes devant le peuple. Certains s’en réjouiront et me lanceront: “Alors présentez-vous devant la justice, au lieu de fuir lâchement.” Ils se tromperont doublement.
- Je ne suis pas un lâche: de 2001 à 2004, je me suis présenté devant la justice. J’ai finalement échappé à une condamnation, mais aucun débat historique n’a pu s’ouvrir18.
- Il n’y a là rien d’étonnant: le 11 juin 1990, lors d’une discussion au Sénat sur ce qui allait devenir la première loi mémorielle, Guy Allouche lança: “Évidemment, il n’appartient pas au juge de dire la vérité en histoire! Bien sûr, les tribunaux ne vont pas commencer à faire le travail des historiens. Pas plus qu’hier, ce n’est pas devant les tribunaux que l’histoire peut trouver ses juges19.” C’était vrai pour Auschwitz, ça l’est désormais pour Oradour. Depuis 2017, en effet, la loi antirévisionniste s’applique à certains crimes de guerre. Alors qu’en 2011, je pouvais (naïvement) espérer l’instauration d’un débat historique au sein d’un tribunal, cela est impossible aujourd’hui. Les juges m’interrompraient en disant: “Notre fonction n’est pas de dire l’Histoire, mais d’appliquer la loi. La contestation du crime d’Oradour est réprimée. Vous contestez. Peu nous importent vos raisons. Nous avons condamnons.”
Voilà pourquoi, même si je dois rendre compte de mes actes devant le peuple français, je persiste à fuir la Justice française. La LICRA m’attaque sur le terrain de l’Histoire, je souhaite répondre sur ce terrain, au moyen d’un débat loyal, durant lequel chaque partie pourra déposer ses documents sur la table et les expliquer librement.
Le fait que je ne sois pas un historien de formation ne change rien à l’affaire: j’ai mené une enquête historique, j’ai publié mes conclusions, je dois en répondre. Si mes conclusions sont fausses, il faut le démontrer lors d’une confrontation équitable, durant laquelle je pourrai non seulement contre-argumenter, mais aussi exiger que mes contradicteurs répondent à mes arguments, à tous mes arguments.
Les gardiens de la Mémoire refusent ce débat au motif que les faits seraient établis. Or, rien n’est jamais établi définitivement en Histoire.
Dans l’affaire Chabloz (que mes adversaires invoquent pour espérer me voir extradé d’Écosse), le juge d’Appel est parti du principe que l’Holocauste avait eu lieu; mais il a ajouté:
Cela ne revient cependant pas à affirmer que l’Holocauste ne serait ni un sujet d’enquête ni une question pouvant être débattue […] Nous n’ignorons pas non plus que, comme partout en Histoire, des éléments nouveaux surgiront inévitablement, modifiant les avis historiques20.
Ce qui est vrai pour l’Holocauste l’est aussi pour Oradour. En veut-on la preuve? Voici.
Dans mon premier livre consacré à cette tragédie, je révélai qu’un réseau d’évasion de pilotes alliés passait par le village21. “Balivernes,” me répondit-on. Cependant, une quinzaine d’années plus tard, la présence de ce réseau fut admise par les historiens accrédités22. C’était donc moi qui avais raison avant les gardiens de la Mémoire.
De même, dans mon premier opus, je conclus qu’un maquis organisé et armé existait à Oradour23. “Calomnies,” objectait-on. Toutefois, 21 ans plus tard, en publiant le journal de Mathieu Borie, le chercheur accrédité Michel Baury concéda que le récit de ce rescapé “contredit, de façon radicale, le discours jusqu’alors couramment admis qui réfute l’idée de la présence de maquis à Oradour-sur-Glane24.” Là encore, c’était donc moi qui avais raison.
À Oradour, des éléments nouveaux ont surgi en nombre suffisant pour remettre en question la version officielle du drame. Quelle sera l’ampleur des révisions? Difficile à dire a priori, mais les divergences importantes qui existent entre le récit officiel et les observations rapportées dans mon dernier ouvrage confirment l’urgence d’un débat sur le drame d’Oradour, afin de démêler le vrai du faux et tenter de découvrir enfin la vérité.
Défendre la mémoire des victimes
En 2015, le rescapé Marcel Darthout m’accusait de vouloir faire porter à la Résistance les responsabilités de la tragédie d’Oradour. Mon dernier livre me lave de ce reproche. Certes, sans l’action des maquis, les Waffen SS ne seraient pas venus à Oradour. En revanche, sans l’explosion de l’église, l’affaire se serait soldée par l’arrestation de plusieurs otages, voire par l’exécution de certains d’entre eux. Tout comme la veille à Tulle, les femmes et les enfants auraient été épargnés.
Or, Oradour reste un symbole de la “barbarie nazie,” car les Waffen SS auraient massacré près de 500 femmes et enfants dans une église. Pour ma part, j’émets l’hypothèse que les circonstances de la tuerie sont différentes: des maquisards auraient mis à feu un dépôt de munitions caché sous les combles, afin de couvrir leur fuite25. À aucun moment, je n’accuse les maquisards d’avoir sciemment provoqué la tuerie.
Depuis 1997, j’affirme qu’Oradour fut une opération de police qui a mal tourné. Les responsabilités sont partagées:
- les Waffen SS n’ont pas fouillé l’église avant d’y parquer les femmes et les enfants;
- les maquisards n’ont pas anticipé que l’explosion du dépôt clandestin de munitions se propagerait au clocher.
Mon livre a pour objectif de réfuter la calomnie selon laquelle les Waffen SS auraient mitraillé puis brûlé des centaines de femmes et d’enfants dans une église. Si, demain, cet objectif est atteint, je n’en profiterai pas pour exiger un procès posthume des maquisards d’Oradour. Je dirai: “Paix à leur âme.”
La LICRA répondra qu’il ne s’agit pas uniquement des maquisards, mais de tous les morts de la tragédie: elle allègue que mon travail “salit la mémoire de 643 civils massacrés par les Waffen SS26”.
L’accusation est paradoxale. En effet, d’après l’Histoire officielle, en 1944, Oradour aurait été un village “parfaitement tranquille où chacun s’occupait uniquement de son petit commerce ou de la culture de sa terre27”. Le dimanche, en outre, on y venait se détendre, se baigner dans la Glane, jouer au football, etc. D’après les historiens accrédités, Oradour s’accommodait donc fort bien de l’Occupation. La Résistance? Que nenni! On la lassait à d’autres, préférant vivre paisiblement et s’occuper de ses petites affaires.
De mon côté, je soutiens qu’Oradour était un centre très actif de la résistance à l’Occupant: on y aidait des pilotes alliés à s’évader, on y fabriquait de faux papiers, on y stockait des armes en prévision de la Libération… Dès lors, qui trahit la mémoire des civils? Ceux qui les présentent comme des égocentriques indifférents au destin de la France, ou celui qui les décrit comme des combattants organisés?
Sans la tragédie du 10 juin 1944, gageons qu’Oradour s’enorgueillirait d’avoir été un centre actif des maquis locaux, et le village aurait son petit musée de la Résistance.
Seulement, voilà: la tragédie est survenue. Des femmes et des enfants sont morts. Sachant qu’il convenait de gommer toute implication de la Résistance et qu’il fallait présenter les Waffen SS comme des barbares, les fabricateurs de l’Histoire officielle ont fait d’Oradour un village peuplé d’attentistes, voire d’égoïstes indifférents au destin de la patrie.
Pour des raisons logiques, la LICRA veut entretenir cette image peu flatteuse (d’après la doxa). Elle est donc bien mal placée pour m’accuser de salir la mémoire des Radounauds. Cette mémoire a tout à gagner de la vérité historique que je défends.
Une interdiction qui servira la vérité révisionniste
Aujourd’hui, la LICRA vous presse d’interdire mon ouvrage de vente et de diffusion. C’est urgent, dit-elle. Céderez-vous? Peut-être, mais la vérité n’a jamais craint ni les prisons ni les arrêtés d’interdiction. Les barreaux et la censure n’ont jamais empêché sa diffusion. À l’heure d’Internet, cette réalité apparaît davantage.
De plus, la répression sert la vérité. En 2015, Christophe Collet s’est félicité de ma condamnation à un an de prison ferme. Sept ans plus tard, mon arrestation pour purger cette peine a contribué au succès de mon nouvel ouvrage sur Oradour. Je remercie donc M. Collet et la LICRA. Vous remercierai-je bientôt pour les mêmes raisons, Monsieur le Ministre? La réponse dépend de vous.
Si vous interdisez mon livre, cela servira sa diffusion; si vous ne l’interdisez pas, il continuera d’être diffusé. Quel que soit votre choix, vous n’empêcherez rien. Tel est le malheur de ceux qui veulent s’opposer à la vérité. Voilà pourquoi, dans ma cellule, je dors tranquille.